L’orientation en dispositif relais, un glissement vers les marges - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2015

L’orientation en dispositif relais, un glissement vers les marges

Résumé

Dans nos sociétés à école, des élèves en ruptures scolaires, souvent issus de milieux populaires, sortent prématurément des classes du collège unique et sont orientés aux marges du système scolaire 1. Ces élèves, qui multiplient les manquements aux règles scolaires en raison d'absences chroniques et d'entraves répétées à l'ordre pédagogique, posent problème au système d'enseignement français qui, bien que revendiquant la réussite de tous, ne sait souvent pas quoi en faire ni comment s'y prendre avec eux, c'est-à-dire comment les faire venir à l'école, les y faire réussir ou les conserver (pacifiquement) dans les classes. Pour faire face à ces situations, les pouvoirs publics ont mis en place, depuis une vingtaine d'années, des dispositifs relais dont la mission consiste à maintenir les collégiens concernés dans un système de formation générale ou professionnelle ou à les y faire retourner 2. Même s'il s'agit d'aider les élèves à récupérer de leurs difficultés, l'orientation vers ces dispositifs constitue un hiatus. Elle est d'abord la traduction institutionnelle de l'engagement de certains jeunes de milieux populaires dans des formes durables et souvent bruyantes d'« échec scolaire ». De ce point de vue, la prise en charge s'inscrit dans le prolongement des heurts de la scolarité antérieure et constitue une étape supplémentaire dans le parcours de « déscolarisation ». Elle est d'ailleurs régulièrement présentée aux élèves et à leurs parents comme une dernière chance, lorsque tout a déjà été essayé 3. L'orientation vers un dispositif relais rompt en outre avec la scolarité « ordinaire », celle des classes généralistes de collège. Elle correspond non seulement à une orientation vers un dispositif dérogatoire au statut scolaire commun, mais aussi à une orientation dont il est difficile de revenir du point de vue de l'objectif d'une poursuite de scolarité ou d'un accès au titre. Au final, l'orientation vers un dispositif relais relève d'une triple externalisation des ruptures scolaires : de leurs causes, de leur traitement et enfin des élèves. La référence à trois grandes enquêtes permettra de le montrer. La première a porté sur l'analyse des parcours de ruptures scolaires de collégiens de milieux populaires au moment de leur prise en charge par un dispositif relais. Soucieux d'articuler les différentes dimensions biographiques (familiales, amicales, scolaires et institutionnelles) des parcours, ce travail a privilégié l'étude intensive d'une vingtaine de cas à partir d'une centaine d'entretiens menés avec les collégiens, leurs parents, enseignants et éducateurs, d'observations conduites dans les dispositifs, et de l'étude de leurs dossiers social et scolaire 4. Une seconde enquête, centrée sur les relations entre les dispositifs relais et les familles, rend compte des modes d'interventions des dispositifs en direction des familles et des rapports des familles aux actions de prises en charge.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

halshs-01260331 , version 1 (10-07-2019)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01260331 , version 1

Citer

Mathias Millet. L’orientation en dispositif relais, un glissement vers les marges. Marie Hélène Jacques (dir.). , Les transitions scolaires. Paliers, orientations, parcours, Presses universitaires de Rennes, 2015, 978-2-7535-4310-2. ⟨halshs-01260331⟩
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