La disparition du schéma V2 en Français: le rôle de l’opposition marqué/non marqué dans le domaine syntaxique - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2015

La disparition du schéma V2 en Français: le rôle de l’opposition marqué/non marqué dans le domaine syntaxique

Résumé

Si l'on s'en tient à un certain niveau de généralité, il est facile de constater que la notion de «disparition» présente quelques caractéristiques identiques dans les divers sous-domaines, les divers niveaux de l’analyse linguistique. La disparition peut en effet concerner des formes, dans la mesure où ne sont plus attestées certaines unités, qu’il s’agisse d’un phonème, d’un morphème, d’un lexème, ou d’une construction syntaxique. elle peut également, sans que les unités soient affectées, concerner les oppositions qui constituent le système: les formes demeurent inchangées, mais certaines valeurs disparaissent en raison d’une modification du jeu des oppositions. Si ce type de disparition est surtout bien connu dans le domaine phonologique – il suffit de rappeler sur ce point l’ouvrage fondateur d’A. martinet: L’économie des changements phonétiques– des phénomènes identiques, toutes proportions gardées, sont observables au niveau morphosyntaxique et au niveau lexical, mais c’est justement cette «valeur» correspondant à la place de la forme dans un jeu d’oppositions qui n’est pas du même ordre dans chacun des domaines. Si une comparaison est possible entre la phonologie et la syntaxe, c’est seulement au niveau du fonctionnement général des systèmes, dans la mesure où, par exemple, dans les deux cas, des formes marquées s’opposent à des formes non marquées. Il nous semble difficile d’aller plus loin dans le parallèle, la notion de marque ne recouvrant pas la même réalité dans les deux domaines, ou, du moins ne renvoyant pas au même type de contenu, comme on va le voir plus loin. Il est par ailleurs possible de considérer qu’à l’intérieur du niveau syntaxique la notion de disparition varie sensiblement en fonction des phénomènes observés et que la question de l’ordre des constituants, que nous examinerons ici, pose des problèmes spécifiques. La disparition de certaines structures semble en effet ne pouvoir trouver d’explication qu’au niveau strictement grammatical; ainsi constatera-t-on, pour prendre un exemple précis, que la disparition des formes «fortes» du pronom réfléchi devant l’infinitif ou le participe (soi souvenir vs se souvenir, soi levant vs se levant) ne met pas en jeu la dimension sémantique mais relève d’une régularisation du système par analogie avec les constructions des formes non réfléchies. Il n’en va pas de même lorsqu’il s’agit de la linéarisation des constituants. La disparition de tel ou tel schéma de phrase a sans doute des aspects qui relèvent de la structuration syntaxique de l’énoncé et de son évolution générale, mais elle met également en jeu la dimension pragmatique et le niveau discursif, caractéristique qui permet, dans une certaine mesure, de continuer en partie le parallèle avec la phonologie ou avec la morphologie, le côté formel pouvant être mis en relation avec les informations portées par les oppositions. Travailler sur le déclin et l’abandon d’une opposition semble donc présenter un intérêt plus grand qu’observer la simple élimination de telle ou telle forme particulière, phénomène qui ne peut guère apporter de matière à une réflexion sur la notion même de disparition dans le domaine linguistique. C’est dans cette optique que nous essayerons de décrire l’évolution qui a pu conduire à la disparition des schémas à verbe second en français. Avant d’en venir à cette illustration, il ne semble pas inutile de s’interroger sur la spécificité de la notion de «marque», de «tour ± marqué», lorsqu’elle est appliquée en syntaxe. Ici encore, la comparaison avec les autres niveaux d’analyse peut être éclairante.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01250283 , version 1 (02-09-2021)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01250283 , version 1

Citer

Bernard Combettes, Sophie Prévost. La disparition du schéma V2 en Français: le rôle de l’opposition marqué/non marqué dans le domaine syntaxique. Thomas Verjans et Claire Badiou Monferran. Disparitions. Contributions à l’étude du changement linguistique, Champion, pp.283-301, 2015. ⟨halshs-01250283⟩
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