L’autorickshaw en Égypte : une épopée provinciale - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2007

L’autorickshaw en Égypte : une épopée provinciale

Résumé

Depuis maintenant quelques années, le même Touk-Touk arrive dans les principales petites villes de la province égyptienne. Tok-Tok, Dok-Dok, Taf-Taf désignent indifféremment un même objet : l'autorickshaw. Si la technologie importée est indienne (modèle Bajaj), c'est l'appellation thaïe, « Touk-Touk» (allusion sonore à son moteur, initialement, à deux temps) qui est largement reprise dans les régions où s'est imposé cet étrange triporteur. Une roue à l'avant, deux à l'arrière, un chauffeur, deux passagers, le principe de ce mini taxi est aussi simple que sa mécanique. Un moteur à quatre temps emporte une cabine dont le toit est en toile cirée. Le châssis abaissé supporte un siège rudimentaire pour le chauffeur, qui conduit les mains sur le guidon ses passagers assis à l'arrière sur une petite banquette. L'engin docile adapte sa contenance, en biens et personnes, au fur et à mesure des courses quotidiennes. Le Touk-Touk opère dans les petites villes qu'il a conquises une véritable révolution dans les mobilités de proximité de ses habitants. Loin de l'anecdote provinciale, plus de cent vingt mille véhicules circulent en toute illégalité et répondent de manière originale aux attentes d'une population délaissée par les pouvoirs publics. Il inaugure, à cette échelle, la motorisation du transport assuré auparavant par calèche. Le Touk-Touk propose une prestation nouvelle à des citadins marginalisés et la dignité d'un travail à ceux qui l'exploitent. Service autoproduit et autonome, il intervient dans la vie d'une majorité de citadins des petites villes et des bourgs périurbains, auxquels il offre la possibilité d'une mobilité jamais connue. Fiable et bon marché, la « machine indienne », particulièrement adaptée à l'état de la voirie, irrigue désormais les territoires secondaires du delta et de la vallée du Nil. Loin du Caire, de gros bourgs comme Sinballâwayn ou Bilqâs (dans la région de Mansûra) sont devenus de véritables plaques tournantes, marchandes et logistiques du Touk-Touk. Sinballâwayn ou Bilqâs en passant par Mumbai (autrefois Bombay) et New Delhi, de nouveaux réseaux d'affaires provinciaux prospèrent et agencent le négoce transnational du triporteur. De l'importation à la distribution du véhicule, du commerce rentable de pièces détachées à la mécanique, de l'exploitation au nettoyage de la machine, tout un monde de la petite production urbaine s'organise autour du Touk-Touk et dynamise par le bas des villes structurellement en crise.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01250190 , version 1 (02-09-2021)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01250190 , version 1

Citer

Yann Philippe Tastevin. L’autorickshaw en Égypte : une épopée provinciale. Villes et urbanisation des provinces égyptiennes. Vers l'écouménopolis?, Karthala / Cedej, pp. 197-218, 2007, 9782845868540. ⟨halshs-01250190⟩
24 Consultations
3 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More