, D'autre part, l'absence de clou à plomb sur le flanc de ces bois exclut ce matériau pour la couverture de ces chevrons 46 . Ce lattis était donc très vraisemblablement destiné à des tuiles. Notons par ailleurs que l'espacement de ce lattis correspond à un recouvrement d'un tiers de ces grandes tuiles, c'est-à-dire à la surface du pureau recouvert d'une glaçure. Ces indices permettent de confirmer la présence sur l'ensemble des hautes toitures de la cathédrale de Lisieux d'une couverture de tuiles de grand format dès la fin du XII e siècle, peut-être du type retrouvé en réemploi. Notons enfin qu'en 1391, des travaux de réparations sont mentionnés sur les couvertures de tuiles de la cathédrale de Lisieux 47 . Le prolongement du chevronnage jusqu'à l'arase des murs gouttereaux et l'absence de chéneau le long des toitures de l'édifice supposent l'évacuation de toutes les eaux pluviales directement sur les murs bien que les arcs-boutants d'origine soient pourvus sur leur faîte d'une rigole pour l'écoulement des eaux. Il est donc possible d'envisager la présence de gouttières en bois au pied des couvertures pour recueillir ces eaux et les canaliser jusqu'aux rigoles des arcs boutants. Observons enfin, à hauteur d'homme, dans toutes ces grandes charpentes, de nombreuses traces de combustion laissées par des lampes à huile accrochées directement sur les bois et qui servaient à l, Ces chevrons montrent des rangées d'un ou de deux clous, à intervalles réguliers de 17 cm ou de 12 cm. L'absence d'autres rangées de clou suppose que ce lattis a conservé cet espacement jusqu'au XVI e siècle Celui-ci ne peut convenir à des plaques de schistes ardoisiers qui sont toujours posées à pureau décroissant 45

, La consommation en bois d'oeuvre Connaissant le nombre total de fermes de la charpente d'origine ainsi que leur structure sur chacune des différentes parties de l'édifice, il est possible d'estimer la quantité de bois consommés par ces chantiers de construction. Ce calcul prend en compte le fait que toutes les pièces sont des bois de brin et que la longueur maximale d'une grume

C. De and L. Nef, En se basant sur la longueur d'un chevron pour évaluer la longueur maximale d'une grume, on compte 2 grumes pour les deux chevrons, 1 grume pour l'entrait retroussé et une jambe de force, 1 grume pour les deux écharpes et un blochet, 1 grume pour une contrefiche, une jambe de force et un sous-chevron, 1 grume pour une contrefiche, un sous-chevron et un blochet, soit 6 grumes de 8,50 m de long pour la réalisation d'une ferme, 20 pour les sablières (40,30 m x 4) et donc 410 grumes de 20 à 22 cm de diamètre (section de 16 x 14 cm), plus 9 grumes de plus forte section

, Charpente du choeur et des deux croisillons du transept : Pour une ferme sans entrait : 2 grumes pour les deux chevrons 1 grume pour les deux sous-chevrons 1 grume pour les deux écharpes et deux blochets 1 grume pour l'entrait retroussé et deux contrefiches Total : 5 grumes de 20 à 22 cm de diamètre

, Ce type de couverture est attesté pour le début du XIIIe siècle sur les grandes toitures de la cathédrale de Bayeux

, Par ailleurs, aucune mention de couverture en plomb n'a été relevé dans les textes relatifs à la cathédrale de Lisieux

M. Christophe, Production et commercialisation de tuiles aux XIIIe-XVe siècles en Pays d'Auge », L'exploitation ancienne des roches dans le Calvados : Histoire et Archéologie, Guy SAN JUAN et Jack MANEUVRIER (dir.), Le Mollay-Littry, p.354, 1999.