De la cathédrale romane à la cathédrale gothique : les révélations des charpentes - HAL Accéder directement au contenu
Chapitre d'ouvrage Année : 2012

De la cathédrale romane à la cathédrale gothique : les révélations des charpentes

Résumé

42 la construction de l'enseMble cathédral Les révélations des charpentes 43 En raison des dommages du temps et de plusieurs incen-dies, la charpente médiévale n'a été que partiellement conservée. Aujourd'hui, elle présente trois ensembles distincts : éléments de charpente réemployée, bois verts posés pour compléter, et reprise de la charpente gothique (1683). Au total, plus de 1 500 grumes ont été nécessaires pour édifier l'ensemble des charpentes romane et gothique. Ce chapitre analyse les structures des charpentes médiévales, les techniques de mise en oeuvre comme le marquage des bois, les systèmes de répartition des charges et propose une nouvelle interpré-tation historique des datations dendrochronologiques. de la cathédrale romane à la cathédrale gothique les révélations des charpentes F r é d é r i c é P a u d 1. Vue de la charpente gothique de la nef (bois abattus en 1227-1232d) avec, au premier plan, des éléments de la charpente précédente en réemploi (bois abattus en 1201d). Photo Eliot / Rioland – Point dE vuEs entrer la lumière tamisée par les vitraux. l'architecte responsable est l'inventeur de l'esthétique normande, caractérisée par la modé-nature : emploi du délit, recours à une modénature fine, tailloirs circulaires, corbeilles de chapiteaux élancées, colonnes à tambours admirablement proportionnés, arcs surhaussés. le résultat impres-sionne par le rythme que forment l'espace fermé d'un mur aveugle et celui, ouvert, de la paroi translucide. la chronologie de la cathédrale de rouen n'est pas assurée, d'autant moins que la méthode comparative dont on admettait autre-fois la pertinence est aujourd'hui controversée. on ignore dans quel sens s'est exercée une influence, et l'on ignore la date à laquelle un monument a été reconnu comme une référence. l'architecte de la cathédrale de cantorbéry, retenu par le maître d'ouvrage, a séduit par son talent, ses références, son inventivité ainsi que par l'admiration qu'avait suscitée la réalisation de la cathédrale de sens, comme on le sait pour Guillaume de sens. la cathédrale de rouen a été l'objet d'admiration du maître d'ouvrage et du maître d'oeuvre au lendemain de la construction de son chevet. l'originalité du traitement de l'espace et de la lumière a impres-sionné les contemporains. l'élégance des supports de l'abside a frappé les responsables de l'abbatiale de hambye. l'alliance du mur épais, traditionnel en normandie, et du vitrail a donné lieu à de grands chefs-d'oeuvre autour des années 1200. le doublement de hauts fûts à saint-étienne de caen, bayeux, norrey, coutances et lisieux a permis d'élever des structures lourdes. l'élévation à deux niveaux a été reprise à la cathédrale de coutances. la tour-lanterne, traditionnelle en normandie, a créé des effets de clair-obscur encore inédits à bayeux, coutances, lisieux, norrey, construits entre la fin du xii e siècle et le milieu du xiii e siècle. les détails confirment une homogénéité qui tranche avec les autres édifices gothiques du nord de la France : traitement de la corbeille des chapiteaux d'où s'échappent des crochets, tailloirs arrondis, recours à la stéréotomie (art de tailler la pierre en se fondant sur des dessins) dont l'exemple le plus accompli est coutances. À rouen, la chronologie du chevet a eu une importance capitale dans la suite gothique de l'aventure normande. il est assuré que le maître d'ouvrage, sans doute l'archevêque Gautier le Magnifique (1185-1207), a fait appel à un grand architecte, sans doute parmi les plus grands de l'époque, qu'il a encouragé à se surpasser. celui-ci a innové en beaucoup de domaines et a été copié par des admirateurs qui n'ont pas toujours eu son génie. l'hypothèse que l'on peut retenir est que les travaux se sont déroulés entre 1200 et 1220-1230. les vitraux, déplacés en 1430 des baies supérieures de l'abside et du choeur des chanoines pour être répartis dans le transept et les chapelles de la nef, ne contreviennent nullement à cette proposition. la restitution virtuelle à leur emplacement originel des « belles verrières », baies hautes et basses qui proviennent du chevet, donnerait à ce dernier une beauté et une lumière éton-nantes qui feraient rivaliser la cathédrale de rouen avec celle de chartres. cela dit, le décor sculpté et les vitraux donnent à l'édi-fice sa personnalité, qui ne se compare à aucune autre. les drames se sont appesantis sur rouen ; les vitraux qui y ont échappé sont peu nombreux, mais suffisamment éloquents pour que l'imagina-tion puisse rêver. Le transept la cathédrale gothique a été organisée à l'intérieur et à l'exté-rieur sur le transept. la largeur et la profondeur de celui-ci ont été agrandies, pour disposer sur chacun des bras une chapelle formée d'une travée barlongue couverte d'une voûte quadripartite et d'une abside couverte d'une voûte sexpartite. les principaux caractères déjà relevés dans le chevet s'y retrouvent, comme le mur épais percé d'un passage prévu pour se développer sur la totalité de l'enveloppe au-dessus d'une arcature aveugle. il se faufile derrière les supports. le mur mince lui succède et les baies étroites montent jusqu'aux voûtains. la construction, à partir de 1280, des portails du transept qui ont interrompu le passage continu, a modifié sa finalité. le colla-téral oriental avait été prévu pour desservir, comme on l'a déjà dit, les chapelles latérales et le choeur des religieux. l'inspiration était venue de la cathédrale de laon, après la destruction de la première abside gothique vers 1200 et la construction d'un nouveau chevet très long et rectangulaire pour réunir le sanctuaire et le choeur des chanoines, suivant le schéma de la cathédrale de sens. cette modification entraîna une réorganisation liturgique importante, la tour-lanterne fut englobée dans l'espace destiné aux laïcs. la leçon fut retenue à rouen où ils s'avançaient jusqu'au collatéral oriental. les murs sont ornés d'une arcature basse, au-dessus de baies ouvertes ou fermées dont le nombre fut amplifié pour éclairer l'es-pace intérieur, les ouvrir sur les différents espaces ou les clore. le rythme est créé grâce à un jeu subtil entre les baies simples ou dédoublées, rendu possible par l'emploi d'un mur épais. il subsiste un seul cas de fenêtre dédoublée : située dans le bras nord, elle est constituée d'une double lancette surmontée d'une petite rose qui retombe sur une colonnette en délit traversée d'un entrait de métal tendu au-dessus des tailloirs. un second exemple au sud-ouest est une réfection du xix e siècle. la tour-lanterne, construite d'un seul jet, relève de ce style ; la coursière inférieure, obscure, est consti-tuée d'arcatures qui reposent sur une colonne baguée ; la coursière supérieure est éclairée de deux étages de baies qui apportent une lumière irréelle. la maquette extérieure du transept s'inscrit dans une tradition ancienne qui a retrouvé à l'époque gothique une nouvelle jeunesse, comme en témoignent les cathédrales de laon, chartres et reims dont le transept débordant est cantonné de tours. À laon, le schéma est complété par une tour-lanterne qui équilibre le dispositif en même temps qu'il apporte une lumière abondante. l'architecte de rouen s'en est manifestement inspiré en ayant recours à une grammaire stylistique différente, qui réalise une heureuse synthèse entre l'an-cien et le moderne. elle est devenue emblématique de la métropole. l a l u M i è r e d e l a c a t h é d r a l e le parti originel de la cathédrale a été respecté, mais des innovations ont été apportées par les architectes du xiii e siècle. la première apparaît dans le chevet, qui est conçu avec des espaces aérés particulièrement sensibles dans l'abside grâce à l'emploi de colonnes à tambours qui dégagent l'enveloppe extérieure et laissent
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Citer

Frédéric Epaud. De la cathédrale romane à la cathédrale gothique : les révélations des charpentes . Mgr J-C Descubes (dir.), Rouen, primatiale de Normandie. La grâce d’une cathédrale, La Nuée Bleue, pp.43-49, 2012. ⟨halshs-01244537⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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