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Article dans une revue Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa Année : 2013

Écrire à la porte du Ciel : autour des inscriptions romanes au portail des églises

Résumé

Quelle que soit la fonction (domestique, publique, sacrée...) de l’édifice dans lequel elle s’insère, la porte, avec ses battants pouvant être ouverts ou fermés, a pour vocation de rompre la limite linéaire, matériellement infranchissable, que représente le mur. Point de contact entre l’intérieur et l’extérieur, la porte, visible des deux côtés, accueille le double mouvement d’entrée et de sortie. Cette situation liminaire est particulièrement significative dans le cas de l’église romane, lieu d’ancrage de la présence divine dans le monde terrestre : point focal d’un discours qui peut être iconographique ou épigraphique, parfois les deux, le portail donne à voir la limite de l’espace sacré tout en invitant le fidèle à la transgresser pour entrer, physiquement, dans l’église, et emprunter, spirituellement, la voie qui mène au Ciel. Diverses études ont déjà été consacrées au thème épigraphique de la porte et mis en lumière l’extrême richesse des inscriptions, souvent versifiées, qui y trouvent place aux XIe-XIIe siècles. Se situant dans leur prolongement et nourri de leurs apports, le présent article vise, au-delà des accumulations de sens et de symboles courantes à l’époque romane, à explorer plus précisément les enjeux de la présence de l’écrit, associée ou non aux représentations iconographiques, au portail de l’édifice de culte. La concentration de texte peut y être extrême, jouant sur la variété des supports possibles. Ainsi, des parties mobiles (vantaux de bois ou de bronze), les éléments de fermeture ou les heurtoirs métalliques ont pu accueillir des inscriptions, même s’ils n’ont pas été intégrés à la présente étude, limitée aux éléments architectoniques, lapidaires, du dispositif d’entrée. Ces derniers comprennent le seuil, les colonnes ou piliers latéraux avec bases, chapiteaux et impostes, les voussures et arcades, et surtout, les linteaux et/ou tympans dont la surface plane est propice à l’accueil de l’écriture. D’autres portes que celles de l’église peuvent recevoir un programme épigraphique et/ou iconographique, en particulier en milieu monastique : celle qui mène au dortoir, comme à Poitiers, ou, plus encore, celle qui donne accès au réfectoire, privilégié dans l’espace conventuel, parfois monumentalisée du côté du cloître, comme à l’Ile-Barbe. Cependant, la présente étude sera limitée aux portails principaux des églises romanes, intégrés dans une façade dont un côté est tourné vers le monde profane et l’espace public, et l’autre vers celui, plus intime et réservé aux fidèles, de la dévotion, de la célébration divine. Le caractère ouvert de la surface sculptée qui, tournée vers l’extérieur, se donne à voir et à lire, renvoie indirectement aux prescriptions divines rapportées dans le Deutéronome où Dieu, après avoir donné les premières tables de la Loi à Moïse, lui ordonne : « Tu les inscriras sur les montants de porte de ta maison et à l’entrée de la ville ».
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Dates et versions

halshs-01244379, version 1 (15-12-2015)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01244379 , version 1

Citer

Cécile Treffort. Écrire à la porte du Ciel : autour des inscriptions romanes au portail des églises. Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, 2013, 45, pp.21-35. ⟨halshs-01244379⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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