Les sept cercles
Résumé
Une trilogie coloniale - Note de l'éditeur
Sophie Caratini poursuit ici sa saga anthropologique sur l’empire colonial français. Cette oeuvre sans précédent, tout à la fois littéraire et scientifique, croise les destins de trois personnalités représentant les cultures que la colonisation de la Mauritanie a entrechoquées. Elle met ainsi en perspective les différents points de vue – blanc, maure, noir – indispensables à l’analyse de la rencontre coloniale sur le terrain du Sahara et à la compréhension de notre temps, où ne cessent d’affleurer ses effets interminables.
Sont déjà parues, successivement, la biographie d’un jeune officier méhariste français, Jean du Boucher [1], puis celle de Mariem mint Touileb, née en plein désert dans la tribu maure des chasseurs nomades Nmadi [2]. Et nous publions dans ce volume le témoignage d’un paysan peul, engagé comme tirailleur sénégalais, Moussa Djibi Wagne.
Ces trois récits de vie se recoupent en ce qu’ils ont le même foyer narratif : les unités méharistes de l’infanterie de marine française, qui contrôlaient le territoire septentrional de la Mauritanie ; mais chacun peut être lu indépendamment des autres, et chacun rayonne bien au-delà de ce moment colonial particulier. Ces textes ont aussi la même structure singulière : ils sont écrits à la première personne, et l’auteur anthropologue, à qui le narrateur ou la narratrice s’adresse, n’y apparaît qu’en creux. Aucun appareil savant n’y figure.
Qu’on ne s’y trompe pas cependant, les personnages sont des personnes et leurs propos, authentiques, résultent d’une transposition littéraire d’entretiens effectifs. De surcroît, chaque manuscrit a été soumis, avant publication, pour accord ou modification, à son protagoniste (ou à ses proches dans le cas de Moussa décédé en 2007, bien avant la fin du travail d’écriture). En choisissant de s’effacer de la narration, l’auteur a pris certes le risque de semer le doute, voire le trouble, dans l’esprit de certains de ses lecteurs, mais c’était là le meilleur moyen de mettre en valeur la force exceptionnelle des paroles ainsi recueillies.
Enfin, l’anthropologue jusque-là silencieuse reprendra bientôt la parole. Car, comme les trois mousquetaires étaient quatre, cette Trilogie coloniale comportera en effet un quatrième et ultime volume, où Sophie Caratini montera à son tour sur scène, avec armes et bagages, pour dévoiler les coulisses de cette aventure scientifique, humaine et littéraire au long cours.
[1] La dernière marche de l’empire, une éducation saharienne, publié avec la collaboration de Thierry Marchaisse, éd. La Découverte, 2009. Une nouvelle version augmentée de ce texte paraîtra prochainement aux éd. Thierry Marchaisse.
[2] La fille du chasseur, éd. Thierry Marchaisse, 2011.