L. Fâcheux and J. Guignard, Molière, OEuvres complètes, éd. G. Couton, Gallimard, t. 1, p.481, 1662.

B. Sur-cette-question, . Beugnot, . Oedipe, and . Le-sphinx, Le Statut de la littérature, 1982.

L. Molière and R. Tartuffe-ou-l'imposteur, OEuvres complètes, éd. G. Couton, Gallimard, t. 1, p.1669

, attaques d'auteurs rivaux, lorsqu'il cite ses sources, qu'il répond à des objections, même pour montrer qu'elles n'ont pas lieu d'être, il fait du texte liminaire un témoignage des heurts et des tensions qui marquent l'espace mondain

, La polémique et l'ironie permettent d'entraîner le lecteur dans le parti de l'auteur dramatique : Racine, qui s'est illustré par l'agressivité de ses préfaces, souligne ainsi volontiers combien ses ennemis aiment venir manifester ostensiblement leur déplaisir aux représentations de ses pièces. Car les dramaturges évoquent « leurs amis » face à « leurs censeurs » mais le partage est principalement affectif et stratégique. Dans les préfaces, les ennemis sont souvent désignés de façon bien générale : ce sont « les personnes qui », « les gens qui », c'est-à-dire par excellence les autres, dans lesquels les lecteurs des textes liminaires en question ne peuvent se reconnaître. C'est que ces textes sont avant tout le lieu de conciliation de tous les lecteurs possibles : les auteurs dramatiques ne cherchent pas à réconcilier ses lecteurs mais à se les concilier pour les conduire à la lecture de sa pièce. Le postulat est, en effet, qu'une fois dans son cabinet de lecture, le lecteur ne doit plus être qu'un « lecteur désintéressé » 24 , selon l'expression de Corneille : il n'est plus piégé par les mauvais liens de la société et il peut être sincère. C'est pourquoi l'auteur de Sophonisbe le rappelle dans sa préface : Je vous demande pour sa lecture un peu de cette faveur qui doit toujours pencher du côté de ceux qui travaillent pour le public, avec une attention sincère, Mais si ces préfaces et ces dédicaces attestent de ce que le public n'est pas homogène au XVII ème , comme l'a mis en valeur Hélène Merlin dans Public et littérature, les dramaturges peuvent se servir des divisions du public pour fonder un nouvel espace de réception 23

, Dans leurs textes liminaires, les dramaturges évoquent donc volontiers un public plus large que celui des spectateurs de la pièce

H. Merlin, Public et littérature en France au XVIIème siècle, Les Belles Lettres, 1994.

L. Suivante, ». Epître, and F. Targa, Corneille, OEuvres complètes, éd. G. Couton, Gallimard, t. 1, p.386, 1637.

G. Sophonisbe and . De-luynes, Corneille, OEuvres complètes, éd. G. Couton, Gallimard, t. 3, p.385, 1663.