La littérature en acte: voir, entendre, ressentir
Résumé
Dans ce chapitre, nous étudions quels usages l'enseignement-apprentissage du FLE ou du FLS peut faire de l'interprétation d'une œuvre littéraire et ce qu'ils impliquent du point de vue didactique : nous analysons quelles conceptions des apprenants et de l'apprentissage ils supposent, quel rôle ils attribuent à l'enseignant et quelles représentations de la littérature sont véhiculées par ces pratiques pédagogiques. La polysémie du mot interprétation – qui va de l'incarnation à l'adaptation, la traduction ou la transposition – nous permet d'envisager la question à deux degrés : celui des interprétations que les apprenants font eux-mêmes d'une œuvre littéraire ; celui de l'usage pédagogique d'œuvres, par exemple filmiques, qui sont des interprétations ou des adaptations de textes littéraires. Dans les deux cas, la notion d'interprétation place notre approche de la littérature dans le champ de l'expérience, de l'expérimentation et de la médiation: la lecture n'est pas seulement ici considérée comme le déchiffrage d'une suite de mots mais comme un processus engageant le corps.
Toutes les activités pédagogiques à partir de la lecture littéraire en classe de FLE ou de FLS ne mettent pas en œuvre de la même façon la corporéité, l'imaginaire, la créativité ou la relation aux autres. Mais ce chapitre se propose d'analyser quelques pratiques attestées de la lecture comme interprétation et d'analyser dans quelle mesure la pédagogie de projet, la lecture orale et la pratique théâtrale inscrivent l'enseignement-apprentissage du français dans une telle conception de la langue.