Le côté obscur de l'espace. Pour une application du concept d'anti-monde à la forêt privée
Résumé
La notion d'antimonde a été proposée par R. Brunet au début des années 1990 pour désigner des territoires et des lieux qui échappent ou dérogent à la loi et aux normes. Ce texte retrace la genèse de la notion et veut montrer que la petite forêt privée des espaces montagneux périphériques forme un antimonde. On constate dans ces forêts-mosaïques, issues d'un siècle de reforestation volontaire et surtout spontanée, des pratiques spatiales comparables à ce que R. Brunet classe dans l'antimonde : 1) du point de vue foncier, l'importance de la micro-propriété multiplie les cas où le propriétaire n'a pas à appliquer les dispositions prévues par la loi pour encadrer la gestion ; 2) du point de vue technique, il existe une résistance face à l'adoption des modèles dominants soutenus par les politiques publiques ; 3) sur le plan économique, une partie de l'exploitation et de la commercialisation du bois se fait sous forme non déclarée, par des arrangements interpersonnels.