Quelle démarche cognitive pour réaliser une carte mondiale de l’aréisme ?
Résumé
Au carrefour de la climatologie, de l’hydrographie et de la géomorphologie, Emmanuel de Martonne commence une carte des régions privées d’écoulement vers l’océan avant 1914, et il la reprend après la guerre, avec la collaboration de Léon Aufrère. Il la présente pour la première fois au congrès international de géographie du Caire (1925). De Martonne a la réputation de se méfier de la théorisation, de pratiquer une recherche inductive fondée sur l’observation de terrain. Comment produire une carte mondiale dans ce cadre cognitif ? Comment pallier l’absence de données précises ou fiables sur beaucoup de portions des continents ? La correspondance entre les deux collaborateurs, encore inédite, permet de saisir cette carte en train de se faire. Elle montre que l’acte cartographique fait appel à plusieurs types d’opérations conjointes de figuration, de catégorisation, de calcul, d’interprétation de cartes intermédiaires. Elle révèle le rôle majeur joué par l’hypothèse climatique dans la construction de la carte comme dans son interprétation. Au total, le processus implique une activité de modélisation par laquelle, progressivement au cours de sa carrière de géographe, de Martonne serait passé de l’usage implicite d’une norme climatique européocentrée à l’adoption d’une règle universelle à référence climatique ou zonale.
Origine :
Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte
Loading...