Soigner les « précaires » en territoire populaire : sociologie d’un dispositif de lutte contre les inégalités sociales de santé - HAL Accéder directement au contenu
Communication dans un congrès Année : 2015

Soigner les « précaires » en territoire populaire : sociologie d’un dispositif de lutte contre les inégalités sociales de santé

Résumé

L’objet de cette communication est d’analyser, à l’échelle d’une municipalité ici communiste, la prise en charge sanitaire de «publics» catégorisés comme «précaires». En étudiant la mise en place et le fonctionnement de deux permanences d’accès aux soins de santé (PASS), l’une hospitalière, l’autre municipale, dans une commune populaire de la banlieue nord-est de Paris, on montrera que la «précarité» est l’objet de définitions concurrentes de la part des professionnels (médecins hospitaliers et médecins généralistes, agents chargés de la mise en œuvre de la politique municipale de santé, responsables de services sociaux hospitaliers ou de centres de santé, assistantes sociales, agents d’accueil) qui prennent part à ce dispositif. Instituées par la loi contre l’exclusion de 1998, les PASS ont été réactivées et élargies à titre expérimental (du cadre hospitalier initial à la médecine de ville) suite à la loi Hôpital Patients Santé et Territoires (HPST) de 2009 et à la régionalisation des politiques de santé. Cette communication s’appuie sur les résultats d’une enquête ethnographique, débutée en 2012-2013, qui combine observations (du travail au quotidien, qu’il soit médical, social ou administratif ; des réunions de « pilotage » du dispositif ; des interactions entre professionnels et usagers du dispositif) et entretiens semi-directifs auprès des agents impliqués dans les différentes institutions intervenant dans les PASS (centre hospitalier, centres municipaux de santé, direction de la santé). Les définitions concurrentes des «publics précaires» que l’enquête met au jour varient selon les institutions mais aussi les trajectoires et les positions sociales et professionnelles des agents qui y travaillent. Les tensions (et/ou coopérations) qu’elles entraînent entre les (groupes) professionnels impliqués dans les PASS révèlent en outre des perceptions différentes et parfois essentialisées des inégalités de santé. Conçues par certain-e-s avant tout comme «sociales», ces inégalités sont associées par d’autres au primat de la «culture». Ces luttes (implicites ou explicites) de définition des publics et, partant, des objectifs des politiques publiques mises en place localement révèlent différentes logiques de catégorisation des patients parmi les professionnels impliqués dans ces dispositifs. Elles produisent en retour des effets sur l’organisation et les pratiques professionnelles quotidiennes de ces derniers. Parmi les soignants pour ne citer qu’eux, une ligne de partage se fait jour entre les partisans d’une «clinique de la précarité» et les tenants d’une morale du droit commun, qui les conduit à ne pas «prendre en charge» de la même manière les patients issus des classes populaires.
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Dates et versions

halshs-01225565, version 1 (06-11-2015)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01225565 , version 1

Citer

Laure Pitti, Audrey Mariette. Soigner les « précaires » en territoire populaire : sociologie d’un dispositif de lutte contre les inégalités sociales de santé . 6e Congrès de l'Association française de sociologie, AFS, Jun 2015, Saint-Quentin-en-Yvelines, France. ⟨halshs-01225565⟩
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Dernière date de mise à jour le 07/04/2024
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