J. Gall, « Vieux saints et grande noblesse à l'époque moderne : saint Denis, les Guise et les Montmorrency », Revue d'Histoire moderne et contemporaine, pp.50-53, 2003.

R. Bertrand and . Tombeaux, encore bien vivant dans certains endroits. Nicolas Chorier, dans la généalogie particulière qu'il consacra aux Sassenage 312 , ne manquait pas de signaler la célébrité de l'histoire : « Cette fable a fait tant d'impression sur la crédulité des habitants de la terre de Sassenage, qu'ils sont persuadez que leur Seigneur est du sang de Mélusine, épitaphes et prétentions nobiliaires dans la Provence d'Ancien Régime », dans Le second ordre : l'idéal nobiliaire, pp.335-345, 1999.

, A défaut de pouvoir profiter d'une légende originale aussi célèbre que celle de

. Mélusine, En récompense, il avait reçu un fermail d'or du roi, d'où les armoiries familiales : de gueules, aux trois fermaux d'or 313. Ces récits devaient être courants si l'on pense qu'à la fin du Moyen Age les cimiers surmontant les heaumes de chevaliers, représentant par exemple des têtes de géants, de dragon, de loup, pouvaient faire référence, dans certains cas du moins, à des traditions familiales. En revanche, leur mise par écrit était aléatoire et certaines histoires survivaient surtout par des images. De passage dans le château d'Epinay, un voyageur notait en 1636, l'existence d'une ancienne tapisserie représentant l'histoire des comtes de Montfort en Bretagne. Un ancêtre de cette famille y tuait un dragon. Or, dès 1402 pour le moins, le cimier des Monfort était justement une tête de dragon et la croix qu'ils portaient dans leurs armoiries était guivrée, terminée par des têtes de serpents 314. Chez les Coucy, l'entrée du puissant donjon édifié au XIII e siècle était surmontée d'un bas relief représentant un chevalier à pied en train de tuer un lion. Dans la seconde moitié du XIV e siècle, cette scène était aussi représentée sur une tapisserie. Vers 1440, un Italien écrivant un poème sur le château de Coucy signalait la pierre sculptée et que l, certaines traditions relataient la victoire d'un ancêtre sur une bête féroce ou un être surnaturel. Au XIV e siècle, les Malet, seigneurs de Graville en Normandie prétendaient descendre d'un certain Oudin le Sauvage, qui avait vaincu un géant et ramené sa tête à la cour du roi Arthur

N. Chorier, Histoire généalogique de la maison de Sassenage, branche des anciens comtes de Lion et de Forests, p.1669

J. Petit, Le livre du champ d'or et autres poèmes inédits, éd. P. Le Verdier, p.101

M. Nassiet, Parenté, noblesse et Etats dynastiques, XV e-XVI e siècles, pp.34-35, 2000.

D. Cf and . Barthélemy, Fables généalogiques et genres littéraires Les gens du Moyen Age et du début de l'époque moderne appréciaient particulièrement le genre épique, Les sires fondateurs : enjeux impliqués dans les traditions et les recours au passé en seigneurie de Coucy », dans Temps, mémoire, tradition au Moyen Age, Actes du XIII e Congrès de la société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, pp.185-203, 1983.

, Il signifie « hauts faits, exploits, actions mémorables », « histoire, chronique, légende » mais aussi « race, famille », étant pratiquement interchangeable avec lignaje, et servit finalement pour désigner ce qu'on appelle aujourd'hui un cycle épique, un « groupe de poèmes se rapportant à un même héros et à son lignage ». La plupart des chansons de geste se reliaient les unes aux autres et constituèrent, Le terme de geste (nom féminin) en ancien français a une polysémie qui illustre bien ce qui était au coeur du récit épique 316

). Roland and . La-geste-de-guillaume-d'orange, la Geste de la croisade alias celle du chevalier au cygne. Les lignages héroïques étaient ainsi suivis sur plusieurs générations. Or, les gens du Moyen Age, et bien au-delà d'ailleurs, ne savaient pas toujours les distinguer des lignages historiques. Il y avait ainsi des échanges entre le genre généalogique et les chansons de geste, attestés précocement par une brève généalogie des rois de France, en anglo-normand, récemment découverte dans un manuscrit datant des années 1160-1180 317. Plusieurs héros épiques (Guillaume d'Orange, Ogier le Danois, Gormond?) sont évoqués aux côtés des rois mérovingiens et carolingiens dont la succession est donnée de façon très erronée. Ce texte hybride témoigne du mélange des genres : « les modes épiques et historiographiques arrivent, à cette époque, à s'enchevêtrer, voire à s'interpénétrer, à un point tel qu'il est vain de chercher à les démêler 318 ». Quelques familles purent greffer leur récit d'origine à ce corpus de textes largement connus à travers l'Europe. Evoquons en détail le cas d, le plus vaste ensemble, formé de vingt-quatre textes épiques, la Geste des Lorrains (autour du héros Garin le Lorrain)

W. G. Van-emdem, « Contribution à l'évolution sémantique du mot 'geste' en ancien français, Romania, vol.96, pp.105-122, 1975.

I. Short, Une généalogie hybride des rois de France », vol.123, pp.360-383, 2005.

L. De-façon-récurrente-dans-le-texte-qui-Été-Écrit, . Ou-copié, and . Du-vivant-de-robert, Auvergne et de Boulogne de 1280 à 1314. Généalogie des comtes de Boulogne, en prose, éd. Paulin Paris, Les manuscrits françois de la bibliothèque du roi, pp.201-208, 1840.

. Dammartin, . Assaillant, and . France,

, Après l'occupation anglaise, ses successeurs purent faire entériner le statut particulier d'Yvetot. Lors d'une enquête de 1462, des témoins âgés évoquèrent la franchise immémoriale du lieu, qui remontait au roi Clotaire. Louis XI, en octobre 1464, par lettres patentes reconnut qu'Yvetot avait été érigé en royaume par Clotaire I er , pour réparer la mort de Gautier d'Yvetot, qu'il avait tué dans sa chapelle du palais de Soissons? Cette histoire se retrouve amplifiée chez l'humaniste Robert Gaguin dans son Compendium de Francorum origine et gestis publié en 1495, une oeuvre à succès. En 533, Gautier d'Yvetot, chambellan du roi Clotaire avait été contraint de s'exiler de la cour. Il était allé alors combattre sur mer les Sarrasins [sic], acquérant la bienveillance du pape qui écrivit au roi en sa faveur. Cependant, à peine s'était-il présenté à Clotaire que celui-ci l'avait tué d'un coup d'épée. C'est pour s'amender de ce crime que, L'histoire du royaume d'Yvetot montre que l'invention pouvait avoir plus qu'une reconnaissance historique : une reconnaissance officielle et des conséquences juridiques. Les sires d'Yvetot figuraient parmi les seigneurs normands qui disposaient des droits de haute justice, ce qui n'avait rien d'exceptionnel

, Des textes comme la Généalogie des dieux, de Boccace, fournirent à l'Europe entière un réservoir de légendes païennes à partir desquelles une multitude de parentés fictives furent élaborées. En 1403, une généalogie des Visconti prenait la forme d'un manuscrit luxueusement illustré où l'on voyait, les uns à la suite des autres, soixante portraits d'ancêtres, de profil, à l'antique : la famille remontait à la plus haute Antiquité et descendait d'Anchise et de la déesse Vénus? Jean de La Gogue parla en détail de l, Le goût croissant pour l'Antiquité ne manqua pas également de se manifester dans le domaine des récits généalogiques

C. Et-néron and . Gouverneur-de-bourgogne-et-d'aquitaine, Il aurait été le premier à adopter la religion chrétienne, convertissant une salle de son palais de Bourges en église, et bâtissant ensuite une deuxième église à Déols. Son fils, saint Ladre avait été évêque de Bourges, vol.330

J. Le-féron, Catalogue des illsutres mareschaulx de France, depuis le roy Clovis deuxieme du nom, jusques à trespuissant, tresmagnanime & tresvictorieux Roy de France, Henry deuxieme, vol.26, p.1555

. Catalogne and . Ou-encore-d'un-quelconque-pape-de-la, chassés de leur ville d'origine par les guerres entre Guelfes et Gibelins ou même par la chute de la maison d'York lors de la guerre des deux roses ? Mais combien aussi qui justifient à peine leur départ ? Dans la présentation du nobiliaire d'Artefeuil par l'Année littéraire, cette pratique, bien individualisée, est le sujet de sarcasmes qui montrent que les contemporains pouvaient être parfois féroces : « La Provence est le pays qui fournit le plus de nobles. Plusieurs savants se sont efforcés de remonter à leur origine. [?] Remarquez que les Provençaux prétendent presque toujours tirer leur origine d'Italie ; ils ajoutent ordinairement un o ou un i sur leurs noms et les voilà entés sur les meilleures maisons, Combien de nobles italiens réfugiés en Provence, vol.334

, Le procédé est quasiment le même en ce qui concerne les origines françaises, c'est-àdire d'autres provinces du royaume au moment où la Provence était un État souverain. Les provinces les plus citées sont limitrophes : Dauphiné et Languedoc

, Il s'agit tout d'abord des familles chevaleresques, avec une bonne part de vérité : les

, souverains de l'État-cité du même nom, se sont installés en Provence à la faveur d'un échange de terres avec Charles

. Dauphiné, On peut y ajouter les d'Authier, dits de Sisgaud, originaires d'Allemagne et les Raimond d'Eoux qui auraient accompagné la reine Jeanne en provenance du royaume de

L. Naples and . Felix, les Descrivan et les Revel affirment également venir d'Italie, tandis que les Brouilhony seraient originaires d'Angleterre et les Badier et les Sassy d'Auvergne. Toutes ces origines, qu'elles soient réelles ou construites de toutes pièces

L. Dans-ces-récits, plus ou moins long, qui précède l'enracinement. Il y a, dans un premier moment, une période d'existence supposée honorable, puis l'arrivée en Provence, plus ou moins justifiée, et enfin l'enracinement, par mariage, par acquisition d'une terre, par exercice d'une charge, les trois à la fois ou n'importe quelle combinaison comprenant au moins un de ces éléments, On retrouve le même type de structure dans certaines généalogies bourgeoises, p.272

, tunique à l'envers pour épargner ses habits ! Lambert tient à combattre ces calomnies, avancées par les ennemis des sires d'Ardres. Selon lui, Herred était au contraire un noble chevalier de Flandres, du pays de Furnes, qui aurait bien mérité le surnom d'Hercule. Si

, Quant au surnom porté par Herred, il venait d'un jour où, enfant, appelé par son père qui était à la chasse, il s'était habillé de façon précipitée et avait suscité les moqueries? Aucune famille n'était hors d'atteinte de telles rumeurs malveillantes, Adèle l'avait épousé, c'était pour se défendre des avances et des menaces du comte de Guines Eustache ( ?1060)

, en Italie, se développa chez les adversaires des Angevins et des Capétiens, une rumeur plus dénigrante encore : Hugues Capet devenait le fils d'un boucher parisien. Dante s'en fait l'écho dans son Purgatoire (chant 20, v. 52). La légende circula largement jusqu'au XVI e siècle. D'autres médisances restaient beaucoup plus confidentielles, mais montrent cette continuelle réinterprétation des données généalogiques, Malmesbury dans ses Gesta regum Anglorum faisait d'Hugues Capet un « écuyer qui n'avait pas grand nom, fils de Robert, comte de Montdidier »? A la fin du XIII e siècle

F. Gros and . De-son-fils-robert-de-dreux, Ses descendants étaient tous « mous de sens ». Plus tard, de telles critiques trouvèrent place dans les libelles et les pamphlets. Le généalogiste du roi Pierre d'Hozier, dans une brochure de 1652 en faveur de la famille de Gondi, d'origine florentine, s'insurge contre des telles calomnies et en cite de nombreux exemples 336. Ainsi, sous Charles VII, certains firent passer le sire de la Trémoille pour « fils d'un capitaine de voleurs appelé Trimouillet ». Au moment des guerres de religions, on écrivit que Ferry de Lorraine, comte de Vaudémont, dont sont issus les ducs de Guise, était « un simple cadet de Graville en Normandie », que les princes de Mantoue étaient « bâtards d'un prêtre et descendus de Passerin, ? 1188) un idiot, incapable de régner (purus idiota et regno totus inhabilis), que les Grands avaient exclus de la succession royale et auquel on donna ainsi des armoiries différentes de celles du roi 335

. Gorgevert, dont le nom seulement est un phantosme et qui n'a jamais eu de fondement » ou encore que le maréchal de Tavannes était « fils de Tavan simple capitaine suisse »? 335

, Echiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules, « en signe de fatuité

. Pierre-d'hozier, Remarques sommaires sur la maison de Gondi, p.1652

, qui se présentait comme une généalogie sensée provenir des archives des Orsini. L'histoire familiale s'enrichissait : le neveu de l'évêque de Metz, venu en France en 1335, s'appelait Mathieu Jouvenel des Ursins, il aurait épousé une parente du comte de Blamont, aurait eu un fils, Pierre, d'où serait né Jean (le prévôt des marchands), qui après avoir guerroyé en Palestine, serait mort glorieusement dans une croisade en Egypte ! Malgré son caractère romanesque et ses inventions, cette généalogie fut acceptée jusqu'à André Duchesne qui la critiqua dans son Histoire des chanceliers publiée après sa mort en 1680. Les Orsini approuvèrent également ce rattachement

J. Le-cas-des-frères and G. Bureau, Sous la pression des critiques, on demanda à ce qu'ils prouvent justement leur noblesse. Qu'à cela ne tienne ! Le roi lança en 1442 la procédure d'enquête en Champagne. Des témoins indiquèrent qu'ils étaient les fils de Simon Bureau et petit-fils de Regnaud Bureau, écuyer et un acte déterminant sur leur noblesse fut présenté. Il s'agissait d'un vidimus 340 de 1361 fait par Jean II le Bon, d'un autre vidimus produit par la cour du prévôt de Troyes reprenant en traduction un acte (inventé) de 1171 émanant d'Henry, comte de Champagne. Il fallait toujours enchaîner les copies pour brouiller les pistes. On y lisait que deux frères avaient été affranchis de leur servitude afin qu'ils se marient avec deux filles de chevaliers et deviennent eux-mêmes de vaillants chevaliers. Selon toute probabilité, le roi Charles VII n'était pas hostile à cette falsification qui mettait à l'abri des jalousies de fidèles serviteurs qui jouaient un rôle important dans la guerre contre les Anglais. Par des lettres d'octobre 1447, il affirma que les frères Bureau avaient « montre bien suffisament leur genealogie, présente des similitudes quant à la vigueur de leur ascension sociale. Ils n'étaient pas nobles et originaires d'un petit village de Champagne

L. De and J. , Par la suite, les Jouvenel portèrent les mêmes armoiries que les Orsini : bandé d'argent et de gueules de six pièces, au chef d'argent chargé d'une rose de gueules boutonnée d'or et soutenue de même. Les arguments développés par Paul Durrieu ( « Le nom, le blason et l'origine de l'historien Juvénal des Ursins », AnnuaireBulletin de la société de l'Histoire de France, 29, 1892, p.193-221) pour réhabiliter l'origine Orsini des Jouvenel nous semblent insuffisants par rapport aux contre preuves de Louis Batiffol : « Le nom de la famille Juvénal des Ursins, Jouvenel datant de 1383 représente : un bandé de six pièces au chef chargé de trois roses, pp.693-717

, Un vidimus est « un acte par lequel une autorité atteste sous son sceau avoir vu (vidimus : nous avons vu) un acte antérieur ayant tous les caractères de l'authenticité (?) et en reproduit intégralement le texte sans en rien modifier, afin de donner authenticité à l'acte vidimé, Olivier Guyotjeannin et alii, Diplomatique médiévale, p.286, 1993.

, Celui-ci avait commandé une généalogie de sa famille à Besly, qui remonta jusqu, p.1251

. Cela-lui-sembla-trop and . Récent, René du Puy du Fou inventa alors un texte qui se présentait comme la copie d'une vieille chronique monastique, en latin, sur les comtes de Poitou, émaillées ça et là d'allusions à ses pseudos ancêtres et reprenant le (faux) testament de

I. X. Guillaume, Elle circula dans les milieux érudits par le biais de Le Laboureur et eut les honneurs de l'édition à deux reprises, et qui plus est dans des ouvrages de grande réputation, le tome V de l'Amplissima collectio (1729) des célèbres bénédictins Martene et Durand et le Recueil des Historiens des Gaules et de la France, La forgerie qui adoptait le style lapidaire de l'époque et comportait une lacune pour faire authentique était peut-être l'oeuvre d'Augustin du Paz, vol.342

, Les Adhémar étaient les descendants collatéraux de l'évêque du Puy-en-Velay

. Adhémar-;-légat-du-pape-lors-de-la-première-croisade, Ils avaient donné leur patronyme à deux localités, Montélimar et la Garde-Adhémar, signe de leur puissance à l'époque féodale. A l'âge de la surenchère généalogique, cela fut jugé insuffisant. Un riche dossier de faux

, Mais certains faux devaient être plus anciens. Le premier faux remontait à 324 et consignait l'hommage d'Hugues Adhémar, seigneur et baron de Monteil

L. , 737, 738 et 790 évoquaient les alliances avec une comtesse d'Aquitaine et la fille d'Izauret

D. Thursin and . Roi, légendaire bien sûr) de Toulouse? Suivaient un cortège de faux, souvent très longs, jusqu'à un acte de 1442. Pour chaque génération donc, le prestige des Adhémar était rehaussé, mais aussi celui de certaines familles mentionnées comme témoins ou vassaux des Adhémar (par exemple les Pracomtal et les Ripert), Le succès de ces forgeries est assez, p.342

A. En-effet, du Paz est l'auteur d'une Table généalogique de la Maison du-Puy-du-Fou, dressée sur tiltres et mémoires de cette maison et sur autres preuves

A. Richard, Histoire des comtes de Poitou, pp.487-512

C. Voir-ulysse, Montélimar, 1871 et Raymond Vallentin du Cheylard, pp.135-149, 1979.