Que croire ? La quête de la rationalité épistémique entre fiabilité des processus et dispositions de l'agent
Résumé
Un des problèmes majeurs de l'épistémologie contemporaine est la formulation d'une théorie unifiée de la rationalité épistémique. Cette entreprise est mise à mal par la difficulté d'expliquer avec le même cadre conceptuel des situations trop diverses. Ainsi, il semble rationnel de croire l'inconnu qui nous indique notre chemin alors que l'on demande à un policier ou à un journaliste de pratiquer un scepticisme méthodologique pour vérifier toute information. Dans le premier cas, nous faisons confiance, selon le principe reidien de crédulité alors que, dans le deuxième cas, nous demandons la vérification des processus de génération de croyances. Notre rationalité épistémique semble osciller entre (1.) une position qui rejette le réductionnisme à propos du témoignage tout en développant une analyse des dispositions (vertus ou vices) des agents et (2.) une approche plutôt réductionniste qui restreint et veut "vérifier" la connaissance. Aucune de ces deux approches ne semble isolément satisfaisante. L'analyse épistémique en termes de dispositions de l'agent échoue à guider l'enquêteur et semble se cantonner à une explication théorique a posteriori. À l'inverse, l'analyse fiabiliste néglige les rôles épistémiques des agents. Au final, comme le montre Greco, la première position semble rendre la connaissance "trop facile" tandis que la seconde la rend absurdement compliquée à atteindre. Nous sommes face à un dilemme qui empêche toute formulation unifiée de la rationalité épistémique. Nous analyserons les différentes solutions à ce problème et en particulier la thèse d'un "dualisme" de la connaissance formulée par Greco. Celle-ci sépare la connaissance en deux catégories : celle de l'acquisition et celle de la distribution d'informations "pratiques" (Craig) à une communauté.
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