Hortensius dans le Brutus : une polémique rhétorique sous forme d'éloge funèbre
Résumé
La présence d’Hortensius dans le Brutus s’articule autour de trois moments fondamentaux : l’épitaphe funèbre initiale, l’étude détaillée de l’éloquence de cet orateur, le souvenir de la carrière que Cicéron avait faite en parallèle avec lui. Les critiques ont interprété les deux premières sections comme un témoignage sincère d’admiration ; seule la σύγκρισις finale, dans la troisième section, trahirait quelques hésitations. L’aemulatio pratiquée pendant la période de sa formation, et la volonté de rendre hommage à la mémoire d’un homme avec qui il avait souvent collaboré, permettraient de comprendre pourquoi Cicéron loue – voire surévalue – Hortensius, qui serait avec lui le dernier grand orateur de Rome. Cela étant, une nouvelle lecture de ces passages très étudiés permet de montrer que, dès l’ouverture du dialogue, Cicéron a subrepticement émis de fortes réserves sur la nature de son rapport avec l’ancien collègue, et encore plus sur les qualités de celui-ci en matière d’éloquence.