Saint-Michel-l’Observatoire, Sainte-Marie-Madeleine de Lincel (rapport de diagnostic), Quinson, février 2013
Résumé
Le diagnostic archéologique de l'église paroissiale Sainte-Marie-Madeleine de Lincel a été prescrit préalablement aux travaux de restauration de l'édifice, programmés par la Communauté de communes de Haute-Provence. L'opération, qui s'est limitée à des observations archéologiques préalables sur le bâti et à la réalisation d'un nouveau plan de l'édifice, était destinée à préciser la chronologie de la construction. L'église Sainte-Marie-Madeleine, située sur le hameau de Lincel, n'a jamais fait l'objet d'aucune étude archéologique. Il s'agit d'une église à plan en croix latine, formée d'une nef unique divisée en trois travées inégales, à laquelle sont accolés un transept saillant et un chevet quadrangulaire. Les observations archéologiques sur le bâti ont permis de déterminer plusieurs phases de construction successives. La nef est vraisemblablement la partie la plus ancienne du bâtiment (courant XIIe siècle), comme en témoigne la présence d'une porte en plein-cintre, désormais condamnée, encore visible sur le parement extérieur du gouttereau sud. On perçoit également, sur l'embase du clocher actuel, les chaînages d'angles extérieurs de ce premier édifice. Comme le suggèrent le plan et de nettes différences de mise en oeuvre, le transept et le choeur auraient été reconstruits après la nef. Ils s'apparentent également à une tradition architecturale romane, quoique plus tardive (XIIIe siècle). On notera ainsi le soin apporté à la mise en oeuvre de la voûte à lunettes du transept et du berceau du choeur, appareillés à l'aide d'un moyen appareil de tuf parfaitement ajusté ; la forme rectangulaire de la baie axiale du choeur ou encore la présence de deux enfeux de part et d'autre du bras sud du transept. L'édifice a été largement remanié à une période plus récente, sans doute à l'époque moderne, entre autres par une reconstruction de la voûte de la nef, peutêtre consécutive à un effondrement du couvrement roman. Le parement intérieur de la nef semble alors avoir été doublé, afin de recevoir la retombée d'une voûte en berceau à lunettes, également supportée par une série de deux doubleaux-diaphragmes en plein-cintre. La construction de contreforts massifs à l'extérieur des gouttereaux, à l'emplacement précis des retombées des voûtes de la nef, répond à un souci de contrebutement consécutif à ces réaménagements, qui ont sans doute largement déstabilisé la structure primitive de l'église. La façade occidentale, recollée sur les gouttereaux, a probablement été reconstruite à la même période, ainsi que la sacristie disposée à l'angle entre la nef et le transept.