Le site néolithique et protohistorique du Châtelard de Bourg-Saint-Maurice (Savoie). Habitat perché et zone sépulcrale au pied du col du Petit-Saint-Bernard, dans leur contexte alpin - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Bulletin de la Société préhistorique française Année : 2012

Le site néolithique et protohistorique du Châtelard de Bourg-Saint-Maurice (Savoie). Habitat perché et zone sépulcrale au pied du col du Petit-Saint-Bernard, dans leur contexte alpin

Solenn de Larminat

Résumé

Après de premières fouilles dans les années 1972-1976 puis en 1984- 1988, restées très largement inédites, de nouveaux sondages ont été réalisés entre 2003 et 2007, dans le cadre du projet Interreg III " Alpis Graia : Archéologie sans frontière ", sur le site du Châtelard de Bourg-Saint- Maurice (Savoie, France, vers 900 mètres d'altitude) au pied du col transalpin du Petit-Saint-Bernard. Le réexamen des mobiliers et des archives issus des premières recherches a été mené en parallèle à cette reprise des investigations de terrain. Cette contribution livre les premiers résultats de ce travail, et permet de présenter pour la première fois une approche globale de ce site constitué de quatre petits plateaux, qui se développent à l'arrière d'une série de verrous glaciaires, étagés dans la partie inférieure d'un versant raide. Dans un contexte géomorphologique qui n'offre que très rarement la possibilité de véritables positions dominantes protégées sur tous les flancs, le site du Châtelard constitue un exemple assez représentatif d'un type de site fréquent dans les grandes vallées des Alpes occidentales : le site perché dans un versant, dominant les voies de communication et protégé par la raideur des pentes et la proximité d'incisions torrentielles marquées. Les premières recherches menées par la Société d'histoire et d'archéologie d'Aime ont révélé la présence, sur le rebord aval du locus inférieur, de deux petites zones funéraires utilisées à plusieurs reprises pendant une très longue durée. L'examen des archives de fouille autorise un positionnement relativement précis des sondages effectués et permet de présenter le plan de la douzaine de sépultures abordées parfois très sommairement dans les années 1970-1980. Parmi ces inhumations, qui présentent une grande variété typologique, on relève la présence probable d'une petite nécropole de tombes en coffres apparentées aux cistes de type Chamblandes, de deux tombes à architecture mixte du Bronze ancien datée par le radiocarbone, d'un dépôt secondaire en urne de résidus de crémation attribuable à la phase initiale du Bronze final et d'au moins une tombe en coffre datée du haut Moyen Âge. Les sondages récents ont permis d'étendre et de préciser l'emprise du site archéologique. Ils montrent la remarquable conservation de niveaux d'habitat protohistoriques sur le plateau supérieur. L'analyse des résultats et la révision critique des mobiliers livrés par les fouilles anciennes permettent de proposer une chronologie des épisodes d'habitat, qui concernent surtout les trois plateaux principaux. Des indices lithiques et céramiques du Néolithique ont été identifiés sur les quatre plateaux. Les éléments datés avec précision ne semblent pas pour l'instant être antérieurs au Néolithique final. L'occupation connaît une nette intensification à partir du début du Bronze final marquée par la mise en place d'épais niveaux d'habitat sur le plateau supérieur. De nouvelles occupations importantes interviennent ensuite au premier âge du Fer, durant l'antiquité et le haut Moyen Âge mais sont nettement plus mal conservées. La fréquentation de l'habitat comme l'usage des zones funéraires présentent des lacunes qui ne peuvent être expliquées par les seuls aléas taphonomiques ni par une déprise à l'échelle régionale. Le Bronze moyen, le Bronze final III et le second âge du Fer correspondent à des épisodes où les plateaux du Châtelard semblent très peu, voire pas du tout occupés. Le phasage observé est comparé à un ensemble de données collectées sur plusieurs sites perchés installés sur les deux versants du col du Petit-Saint- Bernard, en proximité immédiate de l'itinéraire transalpin. Dans l'état actuel de la documentation les occupations interviennent plus précocement sur le versant français, dès le Néolithique. Elles se développent sur le versant italien, à des altitudes un peu supérieures, surtout à partir du début du Bronze final et présentent alors des évolutions contrastées selon le site considéré. Plusieurs hypothèses sont discutées pour tenter d'expliquer ces fluctuations : contrôle des ressources minérales, dynamiques socioéconomiques à large échelle et contrôle direct des circulations.

Mots clés

Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01132607 , version 1 (17-03-2015)

Identifiants

Citer

Pierre-Jérôme Rey, Jean-Michel Treffort, Solenn de Larminat. Le site néolithique et protohistorique du Châtelard de Bourg-Saint-Maurice (Savoie). Habitat perché et zone sépulcrale au pied du col du Petit-Saint-Bernard, dans leur contexte alpin. Bulletin de la Société préhistorique française, 2012, 109 (4), pp.731-765. ⟨10.3406/bspf.2012.14204⟩. ⟨halshs-01132607⟩
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