Fours et maisons solaires de Mont-Louis-Odeillo - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2015

Fours et maisons solaires de Mont-Louis-Odeillo

Résumé

Au milieu du XX e siècle, la deuxième guerre mondiale pose de manière dramatique la question de l'approvisionnement pour les populations des pays acteurs et théâtres des affrontements. La pénurie internationale touche, entre autre, l'énergie. L'immédiat après-guerre fait émerger plusieurs champs de recherche et développement d'énergies nouvelles utilisant l'atome, le vent, l'eau des rivières, des sous-sols et des mers ainsi que le soleil. Le champ du solaire se structure au croisement de logiques d'émancipation des populations du Sud vis-à-vis de l'impérialisme du Nord et de logiques d'affrontement de guerre froide entre les États du Nord, notamment les États-Unis et l'Union soviétique. Source de paradoxe géopolitique, l'astre solaire apparaît comme un objet fragmenté au milieu du XX e siècle, dont l'étude et l'utilisation sont entreprises par de multiples communautés météorologues, physiciens et urbanistes. À l'éclatement des communautés d'étude répond une cohérence instrumentale. Le Laboratoire de l'énergie solaire (LES) dirigé par Félix Trombe au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) est emblématique, pour la France, de la dynamique instrumentale qui s'établit dans les échanges scientifiques et techniques Est-Ouest et Nord-Sud. Le LES émerge au sortir de la guerre en chimie minérale à la croisée des traditions des hautes températures et des terres rares (§I). Il élargit ensuite ses thèmes de recherche grâce à une série d'acculturations en optique, thermique, météorologie, électronique, ingénierie des matériaux, architecture et agronomie. D'abord artisanal, le programme solaire profite de l'essor des Trente Glorieuses et de l'expansion universitaire pour développer une logique instrumentale à l'échelle semi-industrielle et un ensemble de maisons solaires dans la vallée d'Odeillo dans les Pyrénées orientales (§II). Ceci coïncide avec une « décennie solaire » au niveau international (1948-1958) durant laquelle l'énergie solaire porte un ensemble cohérent d'espoirs techniques pour résoudre les difficultés des civilisations présentes et futures, c'est-à-dire une « utopie solaire ». Avec la politique de la « grandeur » de la France et des grands projets technico-économiques de la présidence de Charles de Gaulle (1958-1969), le LES passe à l'échelle industrielle de construction d'un four solaire géant à Odeillo (§III). Mais, ce programme solaire industriel ne s'impose pas durablement face aux aléas énergétiques et économiques des décennies 1970 et 1980.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

halshs-01130485 , version 1 (11-03-2015)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01130485 , version 1

Citer

Pierre Teissier. Fours et maisons solaires de Mont-Louis-Odeillo : Interstices, intersciences et internationalismes de la recherche contemporaine. Guy Boistel, Stéphane Le Gars. Dans le champ solaire. Cartographie d’un objet scientifique, Hermann, pp.181-219, 2015. ⟨halshs-01130485⟩
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