Médiation interculturelle et traduction audio-visuelle : quand traduire c’est (s’) adapter - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2015

Médiation interculturelle et traduction audio-visuelle : quand traduire c’est (s’) adapter

Résumé

La dimension culturelle est révélatrice de bagages cognitifs différents en fonction des communautés et des individus. En traduction, les différences vont se révéler puisque les publics récepteurs relèvent d'un autre système linguistique et culturel que celui visé par l'Auteur initialement, ce qui nécessite la prise en compte de ce que Steiner (1998 : 11) qualifie de "pré-information" d'où le besoin pour le traducteur d'estimer au mieux le bagage cognitif du récepteur, du Destinataire Modèle. Cette fonction médiatrice entre les cultures est essentielle dans le cas de la traduction audiovisuelle. Le cinéma de fiction est en effet un lieu d’expression emblématique de la langue en situation : le monde y est présenté comme réaliste, et c’est un de ses traits ontologiques d’entretenir l’illusion de réalité, malgré son artificialité, et cette fonction mimétique contribue à la mise en avant de phénomènes culturels spécifiques. Dans le cas du doublage en particulier, la large diffusion des films doublés, notamment en France, induit un vrai processus de communication interculturelle, amplifié par sa forte médiatisation. Dans ce contexte la question du transfert des références culturelles se pose, plus encore qu’en traduction écrite, car elles peuvent s’avérer difficiles à saisir, ne serait ce que matériellement : le spectateur ne bénéficie pas d’une transcription pour soutenir sa compréhension, et le signifiant oralisé s’estompe rapidement avec le défilement du film. Des marqueurs comme les noms d'institutions, de personnages, d'œuvres ou de mouvements culturels, fortement connotés, relèvent de l'encyclopédie personnelle des récepteurs, et cette encyclopédie, même si elle diffère pour chaque individu, rassemble un fonds commun aux membres d'une même culture. C’est sur le degré de cette compétence du destinataire que va jouer l’adaptateur, en postulant sa plus ou moins grande familiarité avec cette encyclopédie, selon le Spectateur Modèle déterminé dans son projet traductif. L’enjeu du doublage va consister à ajuster les systèmes référentiels source et cible, tout en négociant les contraintes linguistiques et techniques pour mener à bien le contrat de spectature. Les exemples que je présente traitent des références littéraires, institutions culturelles et mouvements artistiques, pour illustrer quelques stratégies face à ces enjeux. Ils sont tirés des versions originales et doublées et des traductions éditées en français de 6 films de Woody Allen, qui couvrent 25 ans de sa carrière.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01099433 , version 1 (03-01-2015)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01099433 , version 1

Citer

Frédérique Brisset. Médiation interculturelle et traduction audio-visuelle : quand traduire c’est (s’) adapter: Le cinéma de Woody Allen. Françoise MORCILLO; Catherine PÉLAGE. La traduction, médiation et médiatisation des cultures, Paradigme, p. 283-308, 2015, 9782868783103. ⟨halshs-01099433⟩

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