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Chapitre d'ouvrage Année : 2014

La déconstruction du mythe de l’égalité entre les sexes : une convergence entre littératures de l’Ouest et de l’Est

Résumé

Bien que le principe de l’égalité homme-femme soit rappelé par les documents fondateurs des deux Républiques allemandes nées après-guerre, il recouvre dans les années qui suivent des conceptions et des réalités différentes d’un État à l’autre. À l’Ouest, le travail de la femme mariée fait largement figure d’exception et ne doit pas empiéter sur ses devoirs d’épouse et de mère. Ainsi, en 1957, alors que le nombre de femmes actives va croissant, c’est encore le modèle de l’épouse et de la mère au foyer qui inspire la réforme du Code civil. Et si, vingt ans plus tard, le droit de la famille et du couple stipule que les tâches domestiques et l’éducation des enfants n’incombent plus uniquement aux femmes, Gisela Helwig fait remarquer que l’état des structures de la société ne leur permet guère de faire usage de cette nouvelle liberté. L’Est, au contraire, rejette dès l’origine le modèle de la femme au foyer, considéré comme bourgeois, et intègre ses citoyennes à la production. Cette politique est sans doute favorisée par les besoins en main-d’œuvre de la jeune République, mais elle est surtout conforme à l’idéologie marxiste-léniniste qui voit dans l’émancipation des femmes l’un des objectifs principaux du socialisme et dans l’instruction et l’activité professionnelle de ces dernières, la condition sine qua non pour y parvenir. L’égalité entre époux, comme fondement du Code de la famille, est en vigueur à partir de 1966. Le texte de loi prévoit la libre organisation de la vie de famille par les deux partenaires, dans le respect du droit de chacun à s’épanouir. Dans la mesure où il va de soi que la femme travaille, l’homme est invité à prendre sa part des charges domestiques. Partant de ces quelques remarques contextuelles, notre étude se penche sur les représentations des relations hommes-femmes chez Ingeborg Bachmann (1926) et Karin Struck (1947) d’un côté, chez Christa Wolf (1929) et Gabriele Stötzer (1953) de l’autre. Figure majeure du paysage littéraire ouest-allemand dès les années 1950, l’Autrichienne Ingeborg Bachmann a exercé une influence notable sur nombre de femmes écrivains et particulièrement sur Wolf, Struck et Stötzer. Ce rapprochement permettra, entre autres, d’illustrer la thèse d’une convergence entre littératures est- et ouest-allemande, telle que formulée par certains spécialistes dans les années 1980. Qui dit littérature écrite par des femmes, ne dit certes pas obligatoirement littérature féminine et encore moins littérature féministe. Néanmoins, tout en ne s’épuisant pas dans cette dimension, les textes en question relatent des expériences de femmes en résonance avec la société de leur temps et à la recherche d’une identité propre en son sein. Il s’agira de montrer comment chacune d’entre elles engage un dialogue contradictoire avec le « mythe de l’égalité » - cette fois au sens courant de « fable » ou de « récit imaginaire » - par le traitement esthétique d’un domaine où se révèle l’inégalité entre les sexes : la relation amoureuse, les lieux de pouvoir, la maternité et la sexualité.
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Dates et versions

halshs-01098128, version 1 (22-12-2014)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01098128 , version 1

Citer

Sibylle Goepper. La déconstruction du mythe de l’égalité entre les sexes : une convergence entre littératures de l’Ouest et de l’Est. Anne Lemonnier-Lemieux (dir.). La littérature allemande à l’épreuve de la géopolitique depuis 1945, pp.87-100, 2014. ⟨halshs-01098128⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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