L’emblème et le livre entre appropriation et représentation
Résumé
L'auteur s’intéresse à l’« héraldisation » progressive du livre : armoiries et livres manuscrits restent longtemps des éléments-clefs de la culture et de la représentation des élites et leur rencontre est inévitable. L’apparition de l’héraldique dans le livre est très précoce (dernier tiers du XIIe siècle). On la trouve rapidement comme une marque de possession. Cette mise en signe du livre offre un précieux outil au codicologue pour dater et identifier ces productions et leurs propriétaires ; emblématiser le livre correspond au Moyen Age à une véritable logique de représentation à la fois sociale, politique et religieuse. Par ailleurs, l’écho que peuvent se renvoyer les décors héraldiques des marges et de l’illustration participe d’une mise en abîme du livre qui amplifie sa relation au réel. Au milieu du XIIIe siècle, l’héraldique envahit la page d’abord, mais également ses parements extérieurs. Le livre devient emblème à part entière.