L’expérience émotionnelle en pentecôtisme
Résumé
Sociologists of religion have often described Pentecostal emotions – and more widely, the rise of charismatic Christianity –in Weberian terms, as a reaction against the historical process of rationalisation and institutionalisation of religious beliefs. This kind of approach in fact contributes to exclude religious emotions (with their diversity and their specific contents) outside the scope of sociological analysis, by wrongly considering emotion as a raw and universal material, “outside the social and therefore outside social sciences” (Favret-Saada, 1994). At the contrary, it seems important to locate the Pentecostal affective economy within the general sociology of emotions, in order to highlight the theoretical perspectives that the study of Pentecostalism can bring for a better understanding of contemporary emotions.Drawing mainly on personal fieldwork done in the last fifteen years in Polynesian Pentecostal churches, I first examine the connections between Pentecostal emotions and the “informalization of manners” (Wouters, 2010), through an analysis of these emotions in terms of social respectability and Pentecostal relationships with dominant social norms. As a second step, I look at Pentecostal emotion as an “intimate conviction” (Gonzalez, 2009: 214), an expression of a personal involvement within the frame of a subjective experience focused on the “immediate” (without visible mediation) communication with God. And finally, I suggest that Pentecostal emotions can be seen as one the components of a system of communication that puts Pentecostalism in affinity with the “ideology of the society of communication” (Neveu, 2001).Réf.FAVRET-SAADA J., 1994, « Weber, les émotions et la religion », Terrain, n° 22, p. 93-108.GONZALEZ P., 2009, Voix des textes, voies des corps, Une sociologie du protestantisme évangélique, thèse de sciences sociales, université de Fribourg et EHESS.NEVEU E., 2001, Une société de communication ?, Paris, Montchrétien.WOUTERS C., 2010, « Comment les processus de civilisation se sont-ils prolongés ? De la “seconde nature” à la « troisième nature” », Vingtième Siècle, n° 106 : p. 161-175.
Les émotions pentecôtistes, et plus largement l’essor du christianisme charismatique, ont été souvent interprétés par une sociologie des religions d’inspiration wébérienne comme une réaction contre le processus historique de rationalisation et d’institutionnalisation des croyances religieuses. Ce type d’approche contribue in fine à exclure les émotions religieuses (avec leur diversité, leur contenu effectif) du champ de l’analyse sociologique, en considérant à tort que l’émotion est un matériau brut et universel, « hors social donc hors sciences sociales » (Favret-Saada, 1994). Il paraît au contraire essentiel de replacer l’économie affective pentecôtiste dans le cadre d’une sociologie générale des émotions, afin de mieux mesurer les perspectives qu’offre le terrain pentecôtiste pour une meilleure compréhension des émotions contemporaines. En m’appuyant notamment sur des enquêtes de terrain réalisées en terrain pentecôtiste polynésien au cours des quinze dernières années, j’examine dans un premier temps les liens entre émotions pentecôtistes et « informalisation des mœurs » (Wouters, 2010), en analysant ainsi ces émotions en termes de respectabilité sociale et de rapport à la norme sociale dominante. Dans un second temps, je m’intéresse à l’émotion pentecôtiste comme « intime conviction » (Gonzalez, 2009 : 214), expression d’une implication personnelle qui s’inscrit du point de vue subjectif dans le cadre d’une relation intime et immédiate (sans médiation visible) avec Dieu. Enfin, les émotions pentecôtistes peuvent être analysées comme un des éléments d’un système de communication qui situe le pentecôtisme en affinité avec « l’idéologie de la société de communication » (Neveu, 2001).Réf.FAVRET-SAADA J., 1994, « Weber, les émotions et la religion », Terrain, n° 22, p. 93-108.GONZALEZ P., 2009, Voix des textes, voies des corps, Une sociologie du protestantisme évangélique, thèse de sciences sociales, université de Fribourg et EHESS.NEVEU E., 2001, Une société de communication ?, Paris, Montchrétien.WOUTERS C., 2010, « Comment les processus de civilisation se sont-ils prolongés ? De la “seconde nature” à la « troisième nature” », Vingtième Siècle, n° 106 : p. 161-175.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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