L’implication des juridictions dans les dispositifs locaux de coproduction de la sécurité
Résumé
Les politiques de lutte contre la délinquance mobilisent de nombreux professionnels au niveau local : préfets, policiers et gendarmes, magistrats, élus, associations, etc. Pour structurer les interdépendances complexes qui se sont nouées entre institutions, une nouvelle doctrine d’action publique s’est progressivement imposée : la « coproduction » de la sécurité. Les magistrats, essentiellement du parquet, sont loin d’être absents des dispositifs partenariaux. Les entretiens réalisés auprès des différents acteurs impliqués (magistrats, élus, chargés de mission, directeurs de cabinet du préfet, policiers, responsables associatifs) confirment toutefois les résultats des recherches engagées sur le sujet depuis le début des années 1980. Bien que la diversification des réponses pénales ait généré un besoin croissant d’intervenants extérieurs, ces nouvelles occasions d’échanges ne se sont pas traduites par un renforcement significatif des liens établis entre la justice et son environnement. L’implication des procureurs de la République se résume le plus souvent à une stratégie pédagogique de communication, dont les effets restent à démontrer. Excepté cette approche informative, les collaborations opérationnelles pérennes sont rares. Si tous les magistrats du parquet partagent a minima le souci d’expliquer leur politique pénale, de faire connaître l’institution, ses pratiques comme ses contraintes, leurs partenaires déplorent fréquemment le retrait d’une institution centrée sur son activité, indifférente aux demandes et à l’expertise des acteurs locaux.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)