" Le paon, le Noir des villes et le Noir des champs : regard sur le bestiaire coloré des nouvelles de Flannery O'Connor "
Résumé
Ce travail part de la présence récurrente du paon, animal totémique de Flannery O'Connor, dans nombre de ses nouvelles rurales. Créature ingrate à première vue mais qui, selon son bon plaisir, peut se transformer en silhouette majestueuse, symbole de l'opulence passée des propriétés du sud où elle promenait sa silhouette élégante, le paon arpente les espaces désormais désolés des petits blancs du sud avec une attitude hautaine, indifférente, paisible et monstrueuse à la fois. L'étude de ces nouvelles rurales montre qu'O'Connor assimile de diverses façons ces noirs des champs, qui errent encore sur ces fermes désargentées, à cet animal paradoxal : le langage corporel est le même ; le regard et les quelques phrases sibyllines des noirs des nouvelles évoquent également l'oiseau qui semble voir plus loin et en savoir davantage que les êtres humains tout en conservant cet air buté et déroutant. Le noir rural, comme le paon presque anachronique, est finalement l'un de ces clichés d'un sud figé dans une mythologie pathétique, clichés dont l'écriture d'O'Connor montre la vacuité, la fonction purement esthétique. Par contraste, le noir des villes arbore un plumage et un ramage résolument différents. A l'élégance surannée du paon se substitue une élégance voyante, bigarrée, plus proche de celle du perroquet. Dans ces nouvelles urbaines, les noirs affirment leur place et entrent dans des conflits violents avec ces blancs qui font montre tantôt d'agressivité, tantôt d'une condescendance insupportable. Flannery O'Connor considère les noirs, dans ses récits, comme des créatures s'adaptant à leur milieu et faisant partie de cet étrange bestiaire humain qu'elle explore sans tabous, l'éclairant volontiers par des images animales.
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