Une éthique du renseignement est-elle possible ? Le cas de l'espionnage
Résumé
Un corps de doctrine que l’on entend faire accéder au rang de discipline académique peut-il faire l’économie d’un questionnement éthique de son champ d’investigation ? Assurément non. En filigrane des grands événements internationaux, comme des soubresauts de l’actualité nationale, le renseignement est omni présent et ses pratiques interrogent l’observateur. Une éthique du renseignement est-elle possible ? Après avoir précisé ce que recouvre la notion de renseignement clandestin et l’avoir relié au concept d’espionnage, cette étude s’attache à décrire en quels termes et pour quelles raisons l’espionnage est ostracisé tant par la morale que par le droit. Ceci étant posé, et malgré un bilan éthique à charge, il est dès lors possible d’expliquer que l’espionnage incarne la manifestation d’une médiocrité morale à haute valeur ajoutée consubstantielle à la survie des États modernes en général, et indispensable aux démocraties d’opinion en particulier. Enfin, cette étude s’interroge sur les tenants et les aboutissants de l’autoréférentialité à laquelle semblent être condamnés les services, qui, notamment lorsqu’ils opèrent sous le sceau de la clandestinité, sont exclus de facto du grand happening éthique contemporain que constitue le mythe de la transparence.