L'urgence comme chronopolitique. Le cas de l'hébergement des sans-abri - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Temporalités : revue de sciences sociales et humaines Année : 2014

L'urgence comme chronopolitique. Le cas de l'hébergement des sans-abri

Résumé

The public problem of housing exclusion has been regulated in France since the nineteen-eighties through a specific form of policy, known as social emergency. Before 2007, homeless people using emergency shelters suffered from the exclusive provision of short-period stays and consequently had a hard time planning their lives. The interaction between institutional and individual temporalities can be conceptualized as chronopolitics. Because of its exhausting effects on the homeless, chronopolitics was denounced by activists who demanded that continuous stays in shelters, adapted to specific needs, be considered a right. That new temporal ecology was promoted by a law passed in 2007. However, as a legal right it has remained ineffective to this day. Explanations are to be found at several levels of public policy: due to the scarcity of provision, emergency shelter managers resort to restricting the length of stays; structural scarcity is artificially maintained by restrictive State policy, which seeks to limit the demands made by the large number of people in difficulty; social workers feel uncomfortable about people considering the continuous use of shelters an unconditional right. The opportunity to benefit from continuous, non-commodified housing suffers from a lack of legitimacy.
Le problème public de l'exclusion du logement est régulé depuis les années 1980 par une action publique d'urgence : l'urgence sociale. Un de ces dispositifs centraux, l'hébergement, fonctionnait avant 2007 sur une temporalité spécifique : l'aide ponctuelle, qui fragmente l'habitat des plus précaires et qui fragilise leur rapport à l'avenir. C'est en ce sens que l'urgence sociale peut être conceptualisée comme une chronopolitique. En raison des conséquences épuisantes qu'elle a sur ses " bénéficiaires ", cette chronopolitique a fait l'objet d'une mobilisation revendiquant un droit à la continuité de l'habitat. Une écologie temporelle, prenant la forme d'une durée de séjour adaptée aux besoins singuliers des hébergés, est inscrite dans le droit par la loi Dalo. Mais ce droit est encore ineffectif, et les raisons s'en retrouvent aux différents niveaux de l'action publique : les gestionnaires de places se voient souvent contraints de partager temporellement le bien rare en donnant sa chance à tout le monde ; la rareté des places d'hébergement est entretenue par l'État central qui cherche ainsi à limiter l'appel d'air des précaires ; les travailleurs sociaux ressentent un désarroi face aux manières d'habiter inconditionnellement un hébergement à durée indéterminée. La possibilité d'habiter durablement dans un lieu garanti par des institutions et en dehors du marché du logement souffre d'une faible légitimité.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01017038 , version 1 (01-07-2014)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01017038 , version 1

Citer

Edouard Gardella. L'urgence comme chronopolitique. Le cas de l'hébergement des sans-abri. Temporalités : revue de sciences sociales et humaines, 2014, 19, http://temporalites.revues.org/2764. ⟨halshs-01017038⟩
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