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Communication dans un congrès Année : 2014

La ville du 21e siècle est une ville sans corps : pour une ville à tâtons.

Résumé

La ville du 21e siècle a commencé au 19e siècle par la volonté de sa maîtrise industrielle, par la refonte globale de son tissu urbain, par la maîtrise de sa population, finalement par la domination de ses modes d'habiter. Elle encadre des flux et les contrôle. La révolution industrielle puis la révolution informationnelle ont transformé la ville pour la plier aux flux de matières premières, produits finis, informations, y compris financières. Ces dernières, bénéficiant des nouvelles technologies, s'accélèrent, et la ville n'est plus que le support technique, de stockage et de relais. Les temporalités changent, les trajectoires s'écartent, se distendent accentuant ce que J. Donzelot nomme la ville à trois vitesses concrétisées sous la forme de la relégation, la périurbanisation et la gentrification, mais il s'agit d'autre chose encore. La rapidité des échanges et des décisions est bien plus élevée dans ce que S. Sassen a décrit comme étant des villes globales, que sur le reste des territoires, ainsi la métropole, siège de l'accumulation de capital maîtrise les temps de développements comme les temps de relégation et les impose à l'ensemble des territoires, participant de leur standardisation et de leur délaissement pour les attractifs d'entre eux. La ville devient un produit aux cycles d'obsolescence programmée de plus en plus courts, produite et de plus en plus rapidement détruite, de plus en plus dépendante des décisions d'un monde financiarisé à outrance. Perdant de sa substance théorique, de sa capacité d'émancipation par la coprésence de populations d'horizons diversifiés, la ville s'homogénéise par ses constructions d'habitat, de production y compris tertiaires, mais aussi par sa pratique des espaces publics eux aussi de plus en plus lissés et privatisés. Dans nos villes de pays anciennement industrialisés, l'espace public est maîtrisé, il peine à être l'agora, il est avant tout lieu de passage, de circulation, et lorsqu'il est conçu pour permettre l'arrêt, la pause, le repos il est encore contrôlé et limite la réunion des habitants : bancs alignés et jamais face à face, espaces verts lisses et réguliers. L'espace public, l'espace vert en particulier représente à grande échelle ce que la ville a subi de mise aux normes. Le jardin porte une modélisation miniature d'un projet de société, d'un rapport au monde, son organisation, dans les différentes civilisations, ne doit rien au hasard. Le jardin urbain du 21e siècle a entériné à son tour l'appauvrissement conceptuel et philosophique de la ville. Si ce point peut paraître anecdotique il est néanmoins révélateur du traitement de l'humain, de l'habitant, sédentaire ou nomade, comme autant de témoignages de domination. La ville en n'aménageant plus que des lieux d'aménités standardisés, en contraignant à la circulation, au mouvement incessant, reléguant qui ne peut y participer, a nié l'essentiel des régimes sensoriels de l'habiter, hormis la vue pour des raisons de facilité de communication, de publicité, de valorisation de territoires. La ville est devenue ville sans corps, c'est-à-dire sans l'humain or sa capacité de financement ou sa capacité d'exécution.

Domaines

Géographie
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Dates et versions

halshs-00992417, version 1 (17-05-2014)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00992417 , version 1

Citer

Corinne Luxembourg. La ville du 21e siècle est une ville sans corps : pour une ville à tâtons.. La ville du 21e siècle est une ville sans corps : pour une ville à tâtons., Feb 2014, France. ⟨halshs-00992417⟩

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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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