Les facultés de théologie et les ordres mendiants dans le Midi à la fin du Moyen Âge ("Cyusei koki minami furansu ni okeru daigaku shingakubu to takuhatsu syudokai")
Résumé
Les universités médiévales consistaient en quatre facultés : théologie, droit, médecine, arts libéraux. Pendant le XIIIe siècle, la faculté de théologie n'existait cependant que dans quelques villes comme Paris ; ce n'est qu'à partir du milieu du XIVe siècle que ce " monopole " fut mise en cause, et que des théologiens firent leur entrée dans de nombreuses universités. En réalité, dans la mesure où ces nouveaux établissements étaient issus d'écoles dirigées par les frères mendiants, partout mais surtout dans les régions bordant la Méditerranée comme le Midi, ces religieux formèrent une majorité écrasante au sein des facultés nouvellement fondées. On peut pourtant se demander si l'attitude des universités méridionales vis-à-vis de ces facultés était uniforme. Malgré leurs nombreuses ressemblances (ancienneté, prédominance des juristes etc.), l'université de Toulouse et celle de Montpellier présentent en effet un contraste frappant à cet égard : contrairement aux montpelliérains, nettement hostiles aux mendiants constituant la faculté, on peut constater à Toulouse une collaboration entre ces frères et les autres universitaires. En exploitant les statuts universitaires de ces deux institutions, cet article a pour but d'éclairer les facteurs de ces différences. La faculté de théologie de Toulouse, établie en 1360 au profit des mendiants locaux désireux d'obtenir des diplômes sans avoir à se rendre à Paris, a promulgué plusieurs statuts réformateurs contre les abus qui concernaient la collation des grades. À ce mouvement coopérèrent les mendiants et les autres membres de l'université. À Montpellier, au contraire, l'université n'a guère caché sa méfiance à l'égard de la faculté dominée par les mendiants à partir de 1421. Ainsi les a-t-elle exclus de ses postes clé. À l'inverse, on n'a presque aucune trace de son engagement dans les affaires éducatives de cette faculté. Cette divergence correspond aux relations avec les mendiants que chaque université avait nouées jusqu'alors. À Toulouse, ces religieux contribuèrent souvent aux activités de l'université. C'est d'ailleurs le clergé toulousain qui, à cause de son intérêt à l'enseignement théologique de la ville, a promu leur participation. Ce souci " ecclésiastique " par excellence, absent chez les montpelliérains, était décisif pour l'harmonie entre cette université et sa faculté de théologie.