Comprendre les pratiques perturbatrices de l'ordre scolaire - HAL Accéder directement au contenu
Article dans une revue Résonances Année : 2009

Comprendre les pratiques perturbatrices de l'ordre scolaire

Résumé

Lorsqu'elle est soulevée, la question du désordre scolaire est généralement abordée du côté des élèves dits «per-turbateurs». On se demande alors qui sont ces élèves et ce qui motive leurs comportements en classe. Pourtant, en se focalisant sur les élè-ves eux-mêmes, on tend à réifier les réalités visées et à faire comme s'il s'agissait d'un problème intrinsèque aux élèves («difficiles», «démotivés», «destructurés», «perturbés », «dé-viants»). On s'interdit du coup d'in-terroger les conditions sociales, y compris scolaires et institutionnelles, qui sont en principe des désordres scolaires auxquels doivent s'affronter certains enseignants et établissements. De même, en faisant comme si les perturbations scolaires relevaient d'un simple «problème de comportement», on dissocie la question des comportements de celle des apprentis-sages scolaires. On s'empêche alors de voir ce que les conduites perturbatrices de l'ordre scolaire doivent aux apprentissages scolaires eux-mêmes. Or, plusieurs tra-vaux, dont les nôtres sur les collégiens de milieux popu-laires en ruptures scolaires (Millet, Thin, 2005), condui-sent à associer les deux dimensions pour comprendre les pratiques perturbatrices de l'ordre scolaire. Il faut d'abord rappeler que les scolarités des enfants des milieux populaires sont tramées des dissonances socialisatrices entre logiques scolaires et logiques familiales et juvéniles. Pour certains de ces élèves, comme les collégiens en ruptures scolaires, ces tensions socialisatrices se tra-duisent par des difficultés scolaires précoces qui s'aggravent quand, à côté de l'école, d'autres problèmes (sociaux, économiques, familiaux) viennent se greffer. Pour ces élèves de milieux populaires, «l'univers scolaire est, à maints égards, invivable (…) et s'impose comme une machine productrice d'incitations incompré-hensibles.» (Lahire, 1993: 158). Des collégiens racontent leur désarroi, comment, s'ennuyant en cours, ils finissent par discuter ou plaisanter avec le voisin, se voient rappeler à l'ordre puis exclure faute d'avoir ob-tempéré. Décroché scolairement, François se fait même exclure de cours pour mettre un terme à un en-nui insoutenable. Ces collégiens n'ont donc pas des difficultés dans les apprentissages scolaires parce qu'ils sont indociles mais sont plutôt dissipés parce qu'ils rencontrent des difficultés cognitives. De même, bien des comportements perturbateurs de l'ordre scolaire masquent des postures contraires à cel-les qu'exige la forme scolaire d'apprentissage. Ce qui peut être perçu par l'enseignant comme une absence de «volonté scolaire» doublée d'une «intention per-4 Résonances-Février 2009) Bien des comportements perturbateurs de l'ordre scolaire masquent des postures contraires à celles qu'exige la forme scolaire d'apprentissage.

Mots clés

Domaines

Sociologie
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Citer

Mathias Millet. Comprendre les pratiques perturbatrices de l'ordre scolaire. Résonances, 2009, 1/2009. ⟨halshs-00974420⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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