Les tempos de l'histoire : à propos des arts dans l'Italie de la Renaissance
Résumé
Cet article interroge un consensus historiographique et montre qu'il s'est construit sur la base de préjugés et en fonction d'une vision téléologique de l'histoire. En effet, l'idée selon laquelle la Renaissance artistique s'expliquerait par -- ou : irait de conserve avec -- un développement économique et social, mérite d'être sérieusement questionnée. Reprenant un débat historiographique ancien, que l'historien américain Robert Lopez avait lancé en soutenant la thèse paradoxale selon laquelle le renouveau artistique de l'Europe n'aurait été possible que parce que la crise (" hard times ") avait contraint les élites à investir leurs fortunes non plus dans des entreprises commerciales et industrielles, mais dans la production artistique, cet article examine les usages contemporains du lieu commun qui associe Renaissance et prospérité économique et pose la question de la " concordance des temps " en histoire, comme de la nature de la Renaissance, et aussi du rôle que joue l'événement (politique, économique, social) dans l'évolution des pratiques sociales des artistes, et dans la transformation des formes artistiques. Finalement, il conclut à la nécessité -- contre l'idée de Zeitgeist et contre ceux que Panofski appelait les " dépériodiseurs " -- d'articuler, autour de la notion de Renaissance, les différents champs de l'histoire (culturel, économique, social, politique, artistique, etc.) en pariant davantage sur l'hétérogénéité et les tensions que sur l'harmonie et l'unité.
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Histoire
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