, Mathieu Rigaud est dit "plus fort", et "plus mûr" que son frère Nicolas. Il est "plus calme, plus posé, plus modérateur

, ce qui témoigne de la place de l'école dans la définition de l'identité adolescente pour les familles contemporaines. Cette opposition se manifeste dans toutes les familles sur un mode bien particulier : d'un côté les "facilités", le "don", la "vivacité d'esprit, Le rapport au scolaire Le rapport au scolaire constitue un deuxième type d'opposition structurant la différence dans la fratrie

. Dans-la-famille-rigaud, le niveau scolaire des deux enfants est décrit comme tout à fait équivalent

, il lui faut plus d'efforts pour le même résultat", il n'a "pas la même facilité de travailler" (Mme Rigaud). Il est "plus laborieux, Et pourtant, Mathieu "a besoin de plus travailler

A. Gozo, que sa mère définit comme plus "laborieux" que son frère, se décrit luimême comme "un élève sérieux", "travailleur", qui a des problèmes en classe et qui "y arrive quand c'est du par-coeur, du cours, de la mémoire". Pourtant, l'année de l'enquête, Alexandre a été "meilleur en classe" que Médéric, et a fait une année scolaire tout à fait "correcte". Il garde cependant un discours d'élève sérieux, mais en difficulté

, Ici, le codage du rapport au scolaire et la "réalité" du niveau vont dans le même sens. C'est Damien qui est défini comme "moins doué", mais c'est aussi pour lui que le problème du passage en classe de Première se pose. Cependant, son niveau en classe est loin d'être "catastrophique", comme le dit son père en citant des moyennes à l'appui. Mais Damien n'en envisage pas moins le passage de l'enseignement général à l'enseignement professionnel, ce qu'il présente comme une issue honteuse -elle l'est certainement pour sa famille-mais nécessaire. Le décalage qui rapport aux normes sociales dominantes, Dans la famille Dorlé, l'opposition se structure autour du "don" et de l'image de "l'intellectuel" : Damien est "moins doué" alors que Cyril est "plus réfléchi

, On a donc ici l'évocation d'une pratique de rangement qui n'est pas présentée comme féminine, mais que l'on pourrait coder comme telle : l'idée que range celui

L. Le, Toutes choses ne sont donc pas égales par ailleurs : le "milieu familial", censé être une base commune à partir de laquelle les jumeaux ne peuvent se différencier que psychologiquement, est en fait un lieu où se construisent des différences sociales autour de systèmes d'opposition qui, genre organisent et structurent donc les contenus de la différence dans les fratries étudiées 12, 1986.

, On pourrait penser que les différences construites au son de cette norme ne peuvent être que "personnelles". Pourtant, l'examen des contenus de la différence au sein d'un petit nombre de fratries gémellaires fait apparaître une mobilisation systématique, bien qu'implicite, de polarités statutaires de l'identité. Ainsi, malgré l'exigence d'identité personnelle bien présente dans les entretiens, les contenus de la différence entre les jumeaux semblent toujours autant marqués par des jalons statutaires de l'identité 14 . Il est donc d'autant plus pertinent de continuer à étudier l'aspect statutaire de l'identité, La différenciation est une norme centrale, bien que plus ou moins respectée, de l'éducation des jumeaux

B. Bibliographie, . Christian, and . Roger, Allez les filles!, 1992.

, 12 On pourrait ajouter que l'âge social et le genre sont plus centraux dans les contenus de la différence entre les deux membres des fratries Gozo et Rigaud que dans les discours des autres familles, comme si cela témoignait d'une importance plus grande de ce type de marqueurs sociaux de l'identité pour ces familles (moins dotées en capital culturel). L'enquête ne nous

, Mais] des différences "cognitives", "psychiques" et "comportementales" entre deux individus singuliers, issus du "même" milieu social (ou mieux, de la même famille) sont encore des différences sociales, au sens où elles ont été socialement engendrées dans des relations sociales, des expériences sociales (socialisatrices), On a aussi trop souvent tendance (?) à penser que le social se réduit à des différences de groupes ou de classes d'individus (?)

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