Trajectories of Persecution through World War II - HAL Accéder directement au contenu
Communication dans un congrès Année : 2012

Trajectories of Persecution through World War II

Résumé

The application of prosopographical methods to the study of the Holocaust remains fairly uncommon, especially in France. In this presentation, we would like to draw on a survey that allowed us to reconstruct "trajectories of persecution" through World War II, in order to discuss the difficulties and possible benefits of sequence analysis in this particular case. The first part of our communication will review the difficulties encountered in the early days of our investigation on a cohort of about a thousand people identified as Jews and as residing in Lens at the beginning of World War II. Our attempts to "model" persecution and its effects on their trajectories raised a certain number of methodological issues. Some of these difficulties raised from the construction of the survey population itself: our approach could have been suspected of scientifically supporting the identification logic of the persecutors by subsuming under a single name (the "Jewish population") a heterogeneous set of individuals. Other difficulties came from the causal scheme implied by our approach: is reducing choices made under tragic circumstances to their social determinants appropriate? How accurate and realistic is our account of persecution, if it reduces its causes age, income level or family size? The benefits of quantification must not conceal the problems raised by the the linear patterns of causality underpinned by the techniques we initially tested (correspondence analysis, logistic regression). To conceptualize our data as "trajectories of persecution" seems to offer interesting prospects for overcoming some of these difficulties. In the second part of our presentation, we will therefore describe how we translated our database into a corpus of "sequences". Our aim was to formalize successions of time sequences into trajectories of individual confronted to persecution, in order to identify classes of trajectories, patterns and trends. By moving from a logic of properties to a logic of sequential states, and from a logic of causes to a logic of paths, we hope to describe, order and interpret the plurality of trajectories, yet without renouncing to quantification. While some previous difficulties may be solved, new ones may emerge, due to some properties of our sources (missing data, problems with formalizing events into states...), which we also intend to discuss. Eventually, we will give some indications of the benefits that may be drawn from approaches mobilizing "optimal matching analysis", in order to discuss the contribution of these modes of quantification to a better understanding of interactions, at a local level, between victims and persecutors, and in order to address possible contributions of approaches in terms of trajectories, to a microhistory of the Holocaust.
La méthode prosopographique, appliquée à l'étude de la Shoah, n'est pas neuve même si elle reste peu développée, en particulier en France. Nous aimerions revenir dans cette communication sur une enquête qui a permis de reconstituer les "trajectoires de persécution", à travers la Seconde guerre mondiale, d'une cohorte d'environ un millier de personnes identifiées comme juives et comme résidant à Lens au début de la guerre. L'objectif sera de présenter les difficultés posées par la reconstitution et la quantification de ces trajectoires individuelles et familiales, et de montrer les apports possibles d'une telle approche. La première partie de notre communication reviendra sur les difficultés rencontrées lors des premiers temps de l'enquête. Nos tentatives pour "modéliser" la persécution et ses conséquences sur les trajectoires des Juifs de Lens, se sont heurté à un certain nombre de difficultés. Certaines tiennent à la construction de la population observée : ce type de méthode peut être suspecté de reprendre, scientifiquement, la logique d'identification dont a été victime la population juive (on parle souvent de variable " discriminante " en statistique), ou au minimum de conforter la logique identificatrice des " persécuteurs " (qu'ils soient administrateurs ou policiers) en regroupant selon une dénomination unique (la " population juive ") un ensemble varié d'individus, contribuant ainsi à lui conférer une existence censément homogène. Au-delà de ce premier reproche inhérent aux réquisits de la quantification, on évoquera aussi d'autres réserves de principe : peut-on raisonnablement réduire les choix opérés en des circonstances tragiques aux caractéristiques sociales, démographiques ou familiales des individus concernés ? Pense-t-on réellement rendre compte d'enjeux aussi cruciaux, mettant en cause l'Humanité même, à l'aide de variables triviales comme le nombre d'enfants, l'âge ou le niveau de revenu ? Les apports de la quantification ne résorbent pas entièrement les problèmes que soulève de façon peut-être plus aiguë qu'ailleurs une tentative de modélisation des comportements des victimes du nazisme. Ils tiennent, en grande partie, aux schémas de causalité linéaires sous-tendus par les techniques que nous avons initialement éprouvées (analyse des correspondances, régression logistique). Mais également à une question : est-il possible de modéliser l'arbitraire ? Penser les données en " séquences " et en " trajectoires " de persécution semble offrir des perspectives intéressantes pour lever une partie de ces difficultés. Dans le deuxième temps de notre communication, nous aborderons donc les changements opérés dans notre formalisation afin de traduire notre base de données sous la forme d'un corpus de " trajectoires ". Ce corpus tente ainsi de structurer les itinéraires de persécution en séquences afin de permettre d'identifier des catégories de trajectoires, des régularités et des tendances. En passant d'une logique de propriétés à une logique d'états séquentiels, et d'une logique de causes à une logique de trajectoires, nous espérons parvenir à en décrire, en ordonner et en interpréter la pluralité, sans renoncer pour autant à la quantification : il s'agit de prendre en compte la totalité des séquences observées afin de dégager une typologie fine de ces trajectoires de persécution. Mais d'autres problèmes surgissent alors, liés aux sources et à leurs spécificités (données manquantes, formalisation de trajectoires en épisodes, choix et déductions), sur lesquels nous nous proposons de revenir en détail. Enfin, nous aimerions montrer quelques exemples d'une analyse de trajectoires de type " optimal matching analysis " afin de réfléchir aux apports de ces modes de quantification à une meilleure compréhension des interactions, à une échelle locale, entre les victimes et les bourreaux, et par-delà aux contributions des approches en termes de trajectoires à une microhistoire de la Shoah.

Domaines

Sociologie
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Dates et versions

halshs-00963834, version 1 (22-03-2014)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00963834 , version 1

Citer

Pierre Mercklé, Claire Zalc. Trajectories of Persecution through World War II: Contributions to the Microhistory of Holocaust. Lausanne Conference on Sequence Analysis (LaCOSA), Jun 2012, Lausanne, Switzerland. ⟨halshs-00963834⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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