Géographie, éducation libertaire et établissement de l'école publique entre le 19e et le 20e siècle: quelques repères pour une recherche - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Le cartable de Clio, revue suisse sur les didactiques de l'histoire Année : 2013

Géographie, éducation libertaire et établissement de l'école publique entre le 19e et le 20e siècle: quelques repères pour une recherche

Federico Ferretti

Résumé

Entre le XIXe et le XXe siècle, la Suisse a été l'un des laboratoires les plus importants pour l'élaboration d'idées et de pratiques pédagogiques, inspirées par le legs d'auteurs très célèbres, comme Jean-Jacques Rousseau et Johann Heinrich Pestalozzi, et qui ont contaminé, directement ou indirectement, la construction des institutions de l'instruction publique dans toute l'Europe contemporaine. Dans ce mouvement, un rôle peu étudié mais important a été joué par un réseau d'acteurs, à la fois suisses et exilés politiques, qui ont participé au mouvement de la pédagogie libertaire et à des essais d'éducation populaire mis en place par les mouvements socialistes et progressistes, tels qu'écoles modernes, universités populaires, conférences populaires, extensions universitaires, etc. Parmi ces acteurs, on trouve un groupe de géographes qui ont été les inventeurs de la pédagogie libertaire en même temps que les plus importants vulgarisateurs de leur discipline : Elisée Reclus (1830-1905), et Pierre Kropotkine, (1842-1921), exilés en Suisse pour des raisons politiques, et leur collaborateur genevois Charles Perron (1837-1909), animateur du Musée Cartographique de la Ville de Genève et auteur de quelques-uns des premiers pamphlets en faveur d'une éducation populaire, laïque et non-autoritaire. Ces auteurs très influents, grâce aussi à leurs relations avec des éducateurs comme Francisco Ferrer y Guardia (1859-1909) et Paul Robin (1837-1912), ont inspiré directement Sikko Roorda van Eysinga (1825-1887) et surtout son fils Henri (1870-1925) animateur, avec Jean Wintsch (1880-1943), de l'expérience de l'Ecole Ferrer de Lausanne (1910-1919). Sans compter leurs liens, qui restent encore mal connus, avec des scientifiques genevois comme William Rosier (1856-1924) ou Edouard de Claparède (1873-1940). En plus, il faut remarquer le rôle joué par James Guillaume (1842-1916) et Ferdinand Buisson (1841-1932), le premier un Neuchâtelois, le second un Français refugié en Suisse sous l'Empire et enseignant à l'académie de Neuchâtel, qui ont été les passeurs de l'idée d'éducation laïque entre diverses nations et divers milieux politiques. Ils ont notamment été les protagonistes de la rédaction du Dictionnaire de pédagogie, des études sur le débat pédagogique à l'époque de la Convention et finalement de la construction du système français de l'éducation primaire, qui a vu la création en parallèle d'écoles libertaires comme l'orphelinat de Cempuis financé par le Ministère de l'Instruction Publique et dirigé par Paul Robin, à son tour ex-réfugié politique en Suisse et collaborateur de Buisson et de Guillaume. Nos hypothèses de départ sont au nombre de trois : la première postule que le débat sur l'éducation populaire, laïque et publique, engendré à partir des années 1860 et 1870 en Suisse dans les milieux des Internationalistes, en dialogue avec la tradition locale issue de Rousseau et de Pestalozzi, a exercé une influence internationale sur l'établissement des systèmes de l'éducation publique plus importante que ce qui était admis jusque-là ; la deuxième, que la géographie, comprise en sens large, à la fois comme discipline scientifique et scolaire et comme idée d'une éducation basée sur l'expérience du monde, a joué dans ces passages un rôle fondamental ; la troisième, que la figure d'Elisée Reclus et du réseau de géographes et militants anarchistes qui circulaient autour de lui a été centrale dans ces dynamiques, par l'influence directe de ces auteurs dans la création d'écoles libertaires en Suisse et dans le monde, et par l'impulsion qu'ils ont donnée à une circulation des savoirs qui ne se s'est pas limitée aux milieux libertaires, mais qui a contaminé tout le débat sur l'éducation laïque et progressiste entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Notre approche vise à interroger et à comparer à la fois les écrits sur l'éducation des auteurs cités et leurs réseaux de sociabilité scientifique et politique, travail qui est rendu possible par la relative richesse de sources primaires comme archives et correspondances, que nous nous proposons d'exploiter pour clarifier nos questionnements.
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  • HAL Id : halshs-00911181 , version 1

Citer

Federico Ferretti. Géographie, éducation libertaire et établissement de l'école publique entre le 19e et le 20e siècle: quelques repères pour une recherche. Le cartable de Clio, revue suisse sur les didactiques de l'histoire, 2013, 13, pp.187-199. ⟨halshs-00911181⟩
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