, femmes, mais également par un geste de défi au sein du groupe des dominants, dans le système de l'homosocialité agonistique : pour se venger du mépris de M. de Rênal, Julien projette de « prendre possession de la main de sa femme, précisément en sa présence

. Dans-ce-roman-en-diptyque and . Paris, Mais elle rend l'épreuve qualifiante plus ardue, le poussant à exposer sa vie en montant à une échelle par une nuit de pleine lune. L'épreuve surmontée, elle le considère comme son « maître ». Ce à quoi elle aspire, c'est à la démonstration d'une virilité supérieure à la sienne, à laquelle elle puisse se soumettre. Avant Julien, d'autres jeunes gens ont été soumis à ce défi, mais, dans les conversations sérieuses, « ils arrivent tous hors d'haleine » (397), dominés qu'ils sont par son esprit. Julien seul parvient à la dominer, et à inverser les positions : « tu es mon maître, je suis ton esclave » (482). Sans sous-estimer les allusions sexuelles de cette formule, dans la perspective qui est la nôtre on soulignera plutôt que ces relations ne sont pensées qu'en termes de domination, et que la femme, si altière soit-elle, finit par se soumettre, dans un scénario d'autant plus frappant que, dans une forme d'humiliation, Mathilde de la Mole se donne au fils d'un charpentier provincial

, songe Mathilde ; et le narrateur considère cette qualité comme une des plus éminentes de Julien : « C'est, selon moi, un des plus beaux traits de son caractère ; un être capable d'un tel effort sur lui-même peut aller loin, si fata sinant. » (559) On peut voir là une virilité nourrie de stoïcisme, de références à Plutarque ou à Corneille. Plus frappante est la récurrence des d'exemples historiques. Choisis hors de la diégèse, dans un passé mythifié, ils disent clairement l'incapacité des contemporains à offrir un modèle satisfaisant d'héroïsme. Ce qui est plus significatif de l'état des esprits de Mathilde et de Julien, c'est le choix même des moments historiques : les Croisades et les guerres de Religion 24 pour l'une, les guerres napoléoniennes pour l'autre. A savoir non le Grand Siècle ou des moments apaisés de la Renaissance ou du début de l'Empire, mais des épisodes de guerre, et parmi les plus violents dans la mémoire historiographique. L'affirmation choquante 25 que les « Guerres de la Ligue sont les temps héroïques de la France » (415) semble à tout le moins une provocation. La vision de Mathilde réfute la violente critique de l'Essai sur les moeurs, par exemple, contre l'esprit des Croisades ou des guerres de religion. C'est aussi que le héros, incarnant la masculinité accomplie, n'est pas le grand homme des Lumières, dans une philosophie refusant l'héroïsme guerrier. Bien au contraire, les moments historiques retenus sont ceux de l'agon le plus exacerbé, seules périodes propres à exalter la masculinité. « Etre dans une véritable bataille, une bataille de Napoléon, où l'on tuait dix mille soldats, le respect du devoir et la domination de soi occupent une place importante : « Triompher d'un penchant si puissant la rendrait parfaitement heureuse. » (492)

, Il faut bien sûr distinguer les Croisades, campagnes contre un ennemi extérieur, des guerres de religion, conflit civil

, Stendhal en a sans doute conscience, affirmant dans L'Abbesse de Castro : « Cet état de la civilisation fait gémir la morale, j'en conviens

, mais ces usages du XVIe siècle étaient merveilleusement propres à créer des hommes dignes de ce nom. » (Romans et nouvelles, t. II, éd. H. Martineau, Paris, Gallimard, « Pléiade, p.563, 1948.