Pour en finir avec les prescriptions musicales du Concile de Trente
Résumé
Les conséquences musicales du Concile de Trente ont suscité d'innombrables spéculations à partir du XIXe siècle, au point de figurer parmi les mythes fondateurs de la discipline musicologique depuis les Memorie storico-critiche della vita e delle opere di Giovanni Pierluigi da Palestrina de G. Baini (1828). Dès lors, il fut considéré que les Pères du Concile de Trente émirent des souhaits précis allant dans le sens d'une restriction de l'usage de la musique polyphonique, et d'une limitation des procédés d'écriture convenant à cette musique. Or, si plusieurs auteurs ont contribué à déconstruire la notion de " norme tridentine " en la matière (Fellerer, Mischiati, Monson), la croyance en l'existence d'une formulation explicite de cette norme reste toujours perceptible dans de récents travaux. La présente communication proposera, au contraire, d'interroger les textes publiés au titre de la 22e session du Concile de Trente à l'aune des décrets des conciles généraux (Constance et Bâle) et provinciaux tenus en Europe aux XVe et XVIe siècles. Cette étude permettra notamment de considérer sur la moyenne durée le processus d'apparition et d'évolution du lexique musical homogène employé dans les sources ecclésiastiques prescriptives de la première modernité. De la sorte, il s'agira de reconsidérer le degré d'originalité et la portée des décrets tridentins sur la musique, leur place dans la transmission traditionnelle de la discipline de l'Église, ainsi que les significations que revêtirent leurs interprétations et leurs déclinaisons locales postérieures.
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