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Chapitre d'ouvrage Année : 2006

"Transhumance" : prélude à l'histoire d'un mot voyageur

Résumé

Cet article avait pour objectif une première approche de l'histoire du mot "transhumance", à partir du constat que celui-ci était apparu et s'était répandu tardivement dans la langue française (début du XIXe s.) et restait totalement étranger, jusqu'à sa patrimonialisation récente, au lexique des bergers et plus largement des groupes sociaux pratiquant l'hivernage et l'estivage des troupeaux sur de longues distances. Deux voies d'analyse se sont dégagées. 1. les grands textes de géographie humaine du début du 20e siècle montrent que le concept s'est construit progressivement, et par le débat, dans un contexte de classification des faits géographiques qui ressortit avant tout à une classification des sociétés (la transhumance prenant place comme forme intermédiaire entre le nomadisme et les civilisations agraires). Chez Ph. Arbos, dont les définitions seront reprises sans grand changement par les historiens, la notion de distance qui fonde la transhumance n'est pas élaborée d'un point de vue spatial mais social : elle met en place un archétype de l'altérité que l'on retrouve à l'œuvre chez certains géographes de l'aménagement lorsqu'ils abordent les mondes coloniaux. 2. La seconde piste part de l'étymologie canonique du mot, telle qu'elle est donnée par le Diccionario de Autoridades dès 1737. Trashumancia viendrait de tras (à travers) et humus (la terre au sens d'étendue). Or le For de Navarre (13e s.) livre une forme toute différente : non pas trashumancia mais trasfumo. La consultation des travaux des linguistes montre que fumo est à prendre au sens de feu, foyer, maison. Le trasfumo désigne très concrètement l'espace situé au-delà des maisons du village voisin, dans une définition de la compascuité que l'on retrouve dans le For de Béarn ou encore dans la coutume d'Orléans au 15e s., et qui consiste à borner l'aire de dépaissance d'un village par la ligne théorique passant par les clochers des villages voisins (cf. la thèse de S. Leturcq). Du trasfumo médiéval à la trashumancia de l'Epoque moderne, il faut donc supposer que la refondation étymologique vient à l'appui d'une redéfinition vigoureuse des usages et des espaces du pastoralisme qui reste à retracer.
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halshs-00814353, version 1 (17-04-2013)

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  • HAL Id : halshs-00814353 , version 1

Citer

Christine Rendu. "Transhumance" : prélude à l'histoire d'un mot voyageur. Pierre-Yves Laffont. Transhumance et estivage en Occident des origines aux enjeux actuels, Actes des 26e journées internationales d'histoire de l'Abbaye de Flaran (sept 2004), Presses Universitaires du Mirail, pp.7-29, 2006, FLARAN. ⟨halshs-00814353⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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