Le carrefour performatif de genres dans Madame Satã de Karim Ainouz
Résumé
Au Brésil, les années 1930 sont connues comme " l'ère Vargas ". Getúlio Vargas, leader de la Révolution de 1930, fut élu Président de la République puis installa l'Etat Nouveau (1937-1945) : un régime dictatorial suivant le modèle nazi-fasciste italo-allemand. Dans ce contexte d'agitation sociale et politique, le quartier de la Lapa, à Rio, devint l'espace mythique de la bohème carioca : intellectuels, fils de bonnes familles, prostituées, travestis et proxénètes animaient ce quartier de ce qui était alors la capitale du Brésil. Parmi eux, João Francisco dos Santos, dit " Madame Satã ", deviendra l'un des personnages les plus connus de cette période. Viril, noir, transformiste, homosexuel, proxénète, voleur, assassin, Madame Satã troubla les esprits avec son énigmatique mélange de masculin et de féminin. En 1974, le réalisateur Antonio Carlos Fontoura, dans son film Rainha Diaba, propose une lecture psychédélique et désabusée dans le meilleur style cinématographique des années 1970. Près de trente ans plus tard, dans Madame Satã, Karim Aïnouz construit une autre lecture. Dans cet article, nous proposons d'analyser ce dernier film, pour comprendre si et comment la postmodernité a influencé ce réalisateur dans la représentation de ce mythique personnage brésilien, véritable carrefour performatif de genres.