La réponse d'autrui à l'expression de la perte : quel(s) impact(s) ?
Résumé
La notion de handicap a suscité de nombreux travaux au cours de ces trente dernières années. Différents modèles ont été proposés (Fougeyrollas et al., 1998 ; Hamonet et Maghales, 2000) et de nouvelles questions ont émergé de l'évolution des classifications internationales (CIF-OMS, 2001) et de l'avancée de la législation. En proposant une recherche sur l'expérience subjective de la réponse à l'expression de la perte par les personnes en situation de handicap, nous entendons privilégier un abord transversal du handicap. Par " expression de la perte ", nous entendons la verbalisation de la réalité de la perte par la personne soignée, ce qui peut être illustré par la formulation fréquemment observée " Alors, je ne pourrai plus [...] ? ", " Alors " marquant la conscience de la perte, la rupture, et " je ne pourrai plus ", la cessation d'un état antérieur considéré dans une trajectoire individuelle (Gabay, 2010). Cette conscience de la perte mobilise de nombreux affects chez le sujet qui l'énonce et s'intègre au long processus d'adaptation à la situation de handicap. Notre recherche vise à étudier les relations entre la situation de handicap, l'état psychopathologique de la personne soignée et le ressenti de celle-ci, face aux réponses d'autrui à la verbalisation d'une ou plusieurs pertes. Par ses aspects individuels, intersubjectifs et situationnels, cette question soulève ce qui peut se jouer de conscient et d'inconscient entre la personne en situation de handicap, ses proches, les professionnels de santé et la société en général. Nos postulats de départ sont : (1) que la réponse inadaptée d'autrui à la verbalisation d'une perte pourrait avoir un effet nocebo sur la personne soignée (Lang et al., 2005), et (2) que l'adaptation de la réponse d'autrui à l'expression d'une perte par une personne en situation de handicap serait une condition essentielle au maintien ou à la restauration du sentiment de reconnaissance
Loading...