Action et connaissance
Résumé
Une certaine tradition philosophique veut que si l'action humaine peut être dite intentionnelle, c'est qu'une intention vient justement qualifier ou causer cette action. Par conséquent, cette tradition veut également que les intentions - dans la mesure où nous les désignons couramment dans le langage - soient identifiables, l'usage du substantif justifiant alors la présence de l'objet. Dès lors, c'est la manière dont ces intentions (et nous pourrions même parler plus généralement d'" états mentaux " ou d'" actes mentaux " - selon la tradition dans laquelle nous nous situons) seront identifiées qui permettra de distinguer diverses écoles ou divers courants de pensée dans l'analyse du mental (on peut citer de grandes catégories comme les sciences cognitives ou la psychanalyse). Or, malgré leur volonté de s'écarter du modèle cartésien des substances, ces différents modèles ont une grande difficulté à éliminer de leur théorisation toute présupposition métaphysique quant à la " nature " du mental1. D'après le modèle cartésien, en effet, la pensée est capable d'un retour sur soi, d'une réflexion, mais elle s'auto-constitue aussi comme objet (d'observation, de connaissance) au sens propre. Elle est une " substance pensante ". Cette réification de la pensée a donné lieu à une tradition " mentaliste ", qui identifie généralement certains " états mentaux " à des causes de nos actions ou à d'autres " états mentaux ". Ces états ne seraient connaissables que sur le mode de l'introspection, c'est-à-dire par l'observation en première personne de mes contenus mentaux.
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