Entre force et structure : genèse du concept naturaliste de l'hérédité
Résumé
Entendue au sens dérivé de descendance ou de lignée, le concept de filiation concerne le biologiste au premier chef. Il est en effet impliqué dans deux théories qui, à l'époque contemporaine, jouent un rôle fondamental dans la compréhension de l'unité des êtres vivants et des phénomènes biologiques : la théorie de l'évolution, terme conventionnel actuel appliqué à ce que Darwin préférait appeler la théorie de la "descendance avec modification des espèces", et la génétique, qui nous renseigne de manière précise sur ce qui est répliqué et transmis d'un individu à l'autre dans la succession des générations. Or dans l'un et l'autre cas, le concept d'hérédité naturelle a joué un rôle décisif, et l'on peut raisonnablement y voir la tentative la plus radicale des sciences de la nature pour donner un sens opératoire précis au concept de filiation comme lignage. Nous voudrions ici montrer comment le concept d'hérédité naturelle, d'abord perçu comme quasi-synonyme de celui de descendance, s'est construit au prix d'une difficle rupture avec celui-ci.
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