La vue des autres : l'ekphrasis au risque de la littérature médiolatine
Résumé
La description littéraire des oeuvres d'art doit être rapprochée de l'ekphrasis des textes antiques, grecs puis romains. Très développée dans la poésie de langue grecque, moins nettement dans les textes de langue latine, l'ekphrasis possède une définition large (la description développée d'un objet, quel qu'il soit) et une définition restreinte (la description animée et imagée d'une oeuvre d'art, réelle ou fictive). La description des oeuvres d'art concerne autant le contenu des oeuvres que la réflexion sur la notion d'art elle-même. Il pourrait sembler contreproductif de vouloir ainsi approcher la dimension sensorielle de l'art médiéval à travers le prisme du texte ; or, à la lecture de cette littérature foisonnante, plus ou moins bien connue, il apparaît que ce n'est pas tant l'oeuvre d'art qui est au coeur de l'écriture, que l'expérience de l'art. Cette contribution a deux objectifs. Le premier, de nature théorique, analyse l'ekphrasis dans la réalité littéraire et théologique du Moyen Âge. La seconde partie voit ces réalités théoriques mises à l'épreuve des objets d'art. Dans un dialogue entre l'écrit et le visuel, quelques pistes quant à la dimension sensorielle des expériences littéraires de l'art seront posées, principalement à l'époque carolingienne, pour essayer de définir plus précisément ce que l'on entend par ekphrasis.