« Le vieux ne suffit pas, la nouveauté fait peur. Liban : laïcité en débat » - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Autre Publication Scientifique Oasis Année : 2011

« The Old is Inadequate, the New is Frightening »

« Le vieux ne suffit pas, la nouveauté fait peur. Liban : laïcité en débat »

« Il vecchio non basta, il nuovo spaventa »

Résumé

Le qualificatif " laïc " offre deux particularités dans le monde arabe majoritairement musulman. Sa transcription phonétique -layyikî- est restée minoritaire et en général confinée au Maghreb ; son sens est venu habiter un terme pluriséculaire -'almânî- dont la première mention connue se trouve dans un document du patriarcat maronite de la fin du XVIIe siècle pour déterminer la nature d'un texte détourné de sa vocation religieuse initiale. Par ailleurs, ce terme est distinct de trois autres adjectifs signifiant " sécularisé " -dunyawî-, " civil " -madanî- et " entre-éternité " -dahrî- par contraste avec un objet " religieux " -dînî- ou " confessionnel " -tâ'ifî-. L'esquisse de cette réalité linguistique témoigne de formes d'analogies et de connivences entre les pensées de langue française et de langue arabe. Le fait s'explique en partie par la formation des élites jusqu'au milieu du XXe siècle, dans les facultés de lettres, de sciences humaines et de droit, de part et d'autre de la Méditerranée. Au Liban, le phénomène est renforcé par l'établissement d'un Mandat, en 1920. La Constitution de 1926, reprend les fondements d'un " confessionnalisme politique " déjà consacrés dans le protocole de 1861 de la Mutasarrifiya -la répartition communautaire des fonctions et emplois publics- tout en lui donnant un caractère transitoire et sous réserve que cela ne nuise pas " au bien de l'Etat " (art. 95). Le Pacte national de 1943, qui entérine la pleine participation des sunnites à la vie politique dans le cadre de l'Etat libanais, lui donne un caractère pérenne. Ce trait est conforté par la dimension communautaire d'une partie des guerres qui secouent le pays à partir de 1975. A l'inverse, en 1989, le Document d'entente pour le Liban (" Accords de Taëf "), fixe comme " objectif national primordial " l'abolition de ce système " réalisé par étapes, selon un plan ". Le pays est le mieux classé de la région en matière de liberté d'expression, mais la censure et l'autocensure continuent de s'exercer sur nombre de sujets. Les divisions persistantes croisent pour partie les appartenances confessionnelles qui s'inscrivent dans des logiques régionales. Une minorité, en général jeune, polyglotte et ayant accès à l'enseignement supérieur, manifeste le souhait de s'affranchir du cadre existant, tant dans le champ politique que sociétal, mais elle se heurte au corps politique, aux hiérarchies religieuses et, plus fondamentalement, à une majorité de l'opinion qui voit dans ce vœu une transposition d'un " modèle occidental ". Les intellectuels, quant à eux, font montre de leurs dissensions.

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  • HAL Id : halshs-00725854 , version 1

Citer

Dominique Avon. « Le vieux ne suffit pas, la nouveauté fait peur. Liban : laïcité en débat ». 2011, p.64-70. ⟨halshs-00725854⟩
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