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Communication dans un congrès Année : 2009

Que reste-t-il du langage mental dans les textes philosophiques français, à la fin de la Renaissance ?

Résumé

The French texts analyzed in this article maintain the triplex oratio elaborated from the three kinds of signs according to Boethius: mentalis, vocalis, scriptum. The linchpin is the conceptus, similar to the species of Aristotelian psychology and sometimes to the ens. The methodological distinction between "modular" concepts (founded on categories) and predicative concepts allows the identification of an iconic (Scotist and Neoplatonist) movement which attributes a certain cognitive value to the concept and not a sign value, connecting to the thing itself, as with hieroglyphs. Still, stoic semiotics was revived among the (mostly Jesuit) authors who declined signs into two categories, manifestative or suppositive: mental language is the inferred "cause" from the manifest, besides all similitude. Contrary to the renewal of the entia rationis, Scipion Dupleix prolonged a conceptualism favorable to a language of concepts organized in propositions, whereas Jean Crassot allows the ens logicum. The rhetorical vision of affects contradicts neither the predicative dimension nor the vestiges of the Augustinian verbum cordis, a Christian version of the stoic logos endiathetos, either a word or a "cipher" according to the authors. It may connect with a psychology of language developed under the influence of medical theories: Peletier du Mans uses this framework, giving mental psychology a determinative role which, as for Montaigne, even imagines a creative fantasia in animals. For Verville, the interior "discourse," capable of combining res, is directly connected to a psychology of cognition and to this new notion that is "thought." Even if the theory of genius gives new powers to the spirit, the existence of the concept is questioned by Nizzolio and by Sanches, for whom even the "suppositio" is fictional.
Les textes français analysés conservent en majorité la triplex oratio élaborée à partir des trois sortes de signes chez Boèce : mentalis, vocalis, scriptum. Le pivot en est le conceptus, rapproché de la species de la psychologie aristotélicienne et parfois de l'ens. La distinction méthodologique entre conceptions " modulaires " (fondées sur les catégorèmes), et les conceptions prédicatives permet d'identifier un courant iconiste (scotiste et néoplatonicien) qui attribue au concept une valeur cognitive certaine et non pas une valeur de signe, rejoignant la chose même, comme dans le hiéroglyphe. Toutefois la sémiotique stoïcienne renaît chez les auteurs (surtout jésuites) qui déclinent les signes en manifestatifs ou suppositifs : le langage mental est la " cause " inférée à partir du manifeste, hors de toute similitude. Opposé à la renaissance des entia rationis, Scipion Dupleix prolonge un conceptualisme favorable à une langue des concepts organisée en propositions, alors que Jean Crassot admet l'ens logicum. La vision rhétorique des affects ne contredit ni la dimension prédicative ni la survivance du verbum cordis augustinien, version chrétienne du logos endiathetos stoïcien, parole ou " chiffre " selon les auteurs. Elle peut rejoindre une physiologie du langage développée sous l'influence des théories médicales : Peletier du Mans récupère ce dessein intérieur en accordant à la physiologie mentale un rôle déterminant, qui, comme chez Montaigne, va jusqu'à envisager une fantasia créatrice des animaux. Chez Verville, le " discours " intérieur, capable de combiner des res, est étroitement lié à une physiologie de la cognition et à cette notion nouvelle qu'est la " pensée ". Même si la théorie du génie donne de nouveaux pouvoirs à l'esprit, l'existence du concept est mise en question par Nizzolio et par Sanches, pour qui la " suppositio " même est fiction.
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Dates et versions

halshs-00713425, version 1 (01-07-2012)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00713425 , version 1

Citer

Marie-Luce Demonet. Que reste-t-il du langage mental dans les textes philosophiques français, à la fin de la Renaissance ?. Le Langage mental du Moyen Âge à l'âge classique, 2005, Tours, France. pp.241-264. ⟨halshs-00713425⟩
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Dernière date de mise à jour le 06/04/2024
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