, Puis il fait ce commentaire : « La Convention, c'était pourtant le maximum de l'énergie politique, du pouvoir politique et de l'intelligence politique 33 », celle des héros législateurs, dont Robespierre. L'extrême s'identifie donc bien au pouvoir législatif défini et revendiqué en termes de « centralité ». Cette centralité est clairement énoncée dès septembre 1793 : « Il faut déchirer le voile, cette ordonnance de la Convention ? Il y eut une ordonnance de plus au monde et, un an après, des femmes affamées assiégèrent la Convention, vol.35

, Cette communauté morale a son origine dans un constat : l'existence « réelle » d'une communauté souffrante. Le texte de référence est ici, bien sûr, l'Instruction?de Ville-Affranchie (26 brumaire) : en énonçant le principe de « révolution totale », il constate qu'elle doit être celle du « peuple », la « classe immense du pauvre », décrivant longuement la situation « réelle » du « malheureux », dans les « souterrains de l'indigence », mais indique aussi un impératif, pour chaque individu, « d'opérer aussi en lui-même » une telle révolution 36 . Cette communauté n'est donc pas démunie de normes, bien au contraire, mais ces normes ne sont pas celles du droit positif existant : elles sont à venir dans les institutions. La critique que fait ensuite Marx 37 d'une telle conception d'une communauté morale porte sur son inadéquation à la communauté réelle. Faute d'appréhender la « Masse réelle », les Jacobins / Montagnards sont dans l'illusion du politique, illusion qui n'est ni tromperie, ni imposture, mais qui renvoie à une conscience révolutionnaire de soi dissociée des causes réelles de la Révolution, de la figure du Peuple réel. Ce n'est pas, comme on le dit souvent, une critique de la « révolution bourgeoise » : Marx demeure dans une analyse des « extrêmes », mais selon une position critique externe au projet social des Montagnards. Pour nous, ce projet n'est ni une « illusion », ni même une « anticipation » : il procède d'un « réel constituant » qui instaure, par des lois sociales, les fondements d'une société réellement équitable où chaque individu participe de l'ensemble dans les termes suivants : « La République est la fusion de toutes les volontés, Ce « Tout collectif » n'est toutefois pas un Tout transcendant, dans la mesure où il part de la capacité propre de chaque individu, de son intérêt individuel. C'est à dire que cet intérêt propre à chacun ne disparaît pas dans le processus politique de « fusion », il se démultiplie par l'interactivité révolutionnaire dans une communauté civile et sociale que nous appelons « communauté morale, vol.38

. Marx and . Calvie-l, et 161. Notons que Marx prend encore ses informations sur la loi du 22 floréal dans les Mémoires de R. Levasseur?, op. cit, pp.470-471

. Billaud-varenne, , p.747

R. Moniteur and T. Xviii, Le texte correspond strictement à la version imprimée du Rapport, p.476

, Instruction (?) [de] la commission temporaire de surveillance républicaine, établie à Ville-Affranchie

L. Sainte-famille? and O. , Si la Révolution fut ratée, écrit Marx, pp.103-104

, Masse « s'enthousiasmait » pour elle (?), mais parce que la Masse (?) ne possédait pas, dans le principe de la Révolution, son intérêt réel ». Nous ne reviendrons pas sur ce fameux « tournant de, 1844.

. Billaud-varenne, Rapport du 1 er floréal?, Archives Parlementaires, tome LXXXIX, p.100, 1971.

, Ce registre des luttes sociales et de leur réponse politique, le « marxisme français » -peut-on ainsi parler ? -l'avait compris avec Jean Jaurès. Relisons les pages fondamentales qu'il consacre aux « idées sociales de la Convention ». Il a, par force, abandonné l'érudition minutieuse et critique qui imprègne les premiers volumes de l'Histoire socialiste? et puise dans les sources des archives de la Chambre des députés. Ce travail lui permet de dévoiler un projet politique, Ce « réel constituant » s'organise autour de trois axes : une procédure d'observation et de connaissance sociales, un point de vue sur la totalité sociale, l'accent sur les fondements et les valeurs d'une société, ces trois axes se conjoignant en une compréhension de la société « réelle », dans une situation donnée. Là où Marx, immergé dans les luttes ouvrières européennes des années 1830-1840 (des canuts lyonnais aux ouvriers britanniques, puis aux tisserands de Silésie)