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Communication dans un congrès Année : 2011

A construction which the more you look at, the more it surprises you: La construction corrélative comparative en anglais et l'extraction

Résumé

En anglais, comme dans beaucoup de langues, il y a une construction corrélative comparative (CC), qui est toujours du type the X-er... the Y-er... : (1) The more I practice, the luckier I get. Cette construction a récemment suscité beaucoup d'intérêt dans la littérature linguistique (notamment Abeillé et Borsley 2008 ; Borsley 2004 ; Cappelle 2011 ; Culicover et Jackendoff 1999, 2005 (ch. 15) ; Den Dikken 2005 ; Hoffmann à paraître ; Sag 2010 ; Taylor 2006, 2009), où l'on a abordé son analyse surtout (mais pas exclusivement, cf. Cappelle 2011) sous l'angle de la question suivante : Ses propriétés syntaxiques sont-elles uniques ou découlentelles de données et de principes grammaticaux plus fondamentaux ? Une construction 'auxiliaire' qui a prouvée jouer un rôle important dans la réflexion sur cette question récurrente est la construction relative, comme d'autres constructions qui se servent d'une 'extraction' (Culicover et Jackendoff 1999 ; Taylor 2006, 2009). L'étude présente tentera, à partir des exemples authentiques, de montrer que la subordination de la CC dans une construction relative peut en effet nous révéler des aspects cruciaux de la syntaxe de la CC, en particulier particulièrement ceux qui concernent son statut comme " presqu'île " pour l'extraction, la (dis)similarité de ses deux constituants (s'il n'y en a pas plus), C1 et C2, et la nature du syntagme préposé dans chaque partie. Un corpus de 224 exemples a été extrait de l'internet (notamment, des pages en anglais apparues dans le Royaume Uni), utilisant des séquences comme " the kind of * the more ", " the sort of * the more ", " one of those * the more ", et quelques variantes recherchées avec le moteur de recherche Google. On peut constater que dans le corpus ainsi constitué, les éléments relatifs utilisés pour subordonner la CC sont surtout that et where, et assez rarement which/who, zéro ou d'autres éléments. Dans le corpus, il faut aussi faire une distinction entre la CC proprement dite et la CC inversée (cf. les exemples dans la figure 1). En plus, on peut constater dans le corpus que l'antécédent ou le 'filler' (la tête de la construction relative) n'est pas toujours lié avec un 'gap' dans C1 et/ou C2, comme c'est pourtant le cas dans les exemples de Culicover et Jackendoff (1999 : 564, 567 fn. 13, 2005 : 522, 525) et de Taylor (2006, 2009). Le 'gap' potentiel peut être rempli avec un pronom résomptif. Comparez les exemples suivants constituant un pair quasi-minimal : (2) a. He was one of those dogsi [whichi the more you looked at __i, the more you liked __i], a truly honest dog (...) (www) b. he was one of those dogsi [that the more I saw of himi, the more I liked himi] (www) En plus, il y a beaucoup d'exemples dans lesquels la relation entre la clause relative et l'antécédent n'est marquée ni par un gap, ni par un pronom résomptif (cf. Radford 2010, pour des exemples pareils qui n'ont pas de CC), comme dans l'exemple (3): (3) a. Twitter is the sort of tool [that, the more you give, the more you get] (www) b. one of those groups [that the more you listen the more the tracks grow on you]. (www) c. Santiago is one of those metropolitan joys [where the more you look, the more you find.] (www) Parfois, on ne peut pas dire avec certitude s'il y a un gap ou non : (4) one of those games [that the more you play ( __ ), the less chances you have of getting rid of it] (www) En tout cas, la situation où C1 contient un gap est loin d'être la plus fréquente dans le corpus et la même chose vaut pour C2, où un gap paraît être très rare. La CC inversée, de son côté, a sans exceptions un gap dans C2 (= la première partie) et typiquement un pronom résomptif dans C1 (= la deuxième partie). Le seul exemple dans lequel C2 a un pronom résomptif est un cas spécial : on pourrait parler ici d'une CC " double inversée ", avec C2 (qui a le comparatif in situ) à nouveau suivant C1 : (i) Anathema are one of those bands [that the more you see them they just get better and better]. Un exemple typique d'une construction relative avec une CC inversée est donc : (5) It's one of those filmsi [that __i gets better the more one thinks about iti]. (www) Les résultats de corpus ne montrent pas seulement qu'une CC se comporte de manière différente d'une CC inversée, mais aussi que même dans la CC (qui a une syntaxe plus équilibrée), les deux parties entretiennent une relation assez différente, l'une par rapport à l'autre, avec l'antécédent. Un gap dans C2 d'une CC inversée a presque toujours la fonction de sujet. Par contre, une CC (non-inversée) n'a jamais un gap pour le sujet, ni dans C2, ni dans C1. En effet, les exemples suivants sont inacceptables : (6) a. *It's one of those filmsi [that the older __i gets, the more you appreciate (iti)] b. *It's one of those filmsi [that the more you think about (iti), the better __i gets]. Ce qui est étonnant, c'est que le sujet d'une phrase subordonnée dans la CC peut être extrait tout de même. C'est surtout dans le deuxième constituant, probablement pour des raisons discursives, qu'on peut trouver une telle structure complexe : (7) a. It's one of those filmsi [that the more you think about (iti), the more you realize [ __i is a work of genius]] 4 Pourtant, l'exemple suivant n'est pas remarquablement moins inacceptable : (i) ??It's one of those filmsi [that __i gets better the more one thinks about __i]. Google nous donne près de 100 exemples pour la séquence "that gets better the more * think about" (le 11 août 2011) et ils ont tous it après about. b. it'd be like having a continuous orgasm for weeks on endi ([whichi the more I think about __i, the more I'm realizing [ __i isn't as...orgasmic as it sounds]]). (www) c. Neither property is more than an acrei -- [whichi, the more I garden, the more I realize [ __i is plenty to be getting on with]]. (www) La condition pour l'extraction d'un sujet subordonné semble être que la phrase comparative (the X-er) qui le précède soit 'exophrastique' (cf. Cappelle 2011 ; Inkova, 2009 pour ce terme). Cette condition n'est pas satisfaite dans (8) : (8) *it was one of those ideasi [that the more you looked into the concept, the more multi-layered you realised [*(iti) was]], (...) (www) (le mot it est obligatoire ici) Les observations portant sur (6)-(7) mettent en question deux constatations linguistiques non seulement liées à la CC. Une première constatation souvent faite est que l'extraction d'un sujet est plus facile que l'extraction d'autres fonctions (pour un aperçu de la littérature théorique et expérimentale, cf. Kwon et al. 2010: 1-2). Les exemples dans (6a) et (6b) montrent pourtant que le contraire est le cas pour la CC. Une deuxième constatation récurrente est qu'une phrase intervenante rend l'extraction plus difficile à traiter et à juger comme acceptable (p. ex. Alexopoulou et Keller 2007 ; Frazier et Clifton 1989 ; Kluender et Kutas 1993). Par exemple, Frazier et Clifton (1989) ont obtenu des temps de lecture différents pour des phrases comme (9a) et (9b), deux phrases d'une même longueur mais d'une complexité différente: (9b) mais non pas (9a) a une phrase subordonnée et c'est apparemment à cause de cela que (9b) prend plus de temps que (9a) pour être lue. (9) a. What did Katie and Tom mail __ to New York? b. What did Sue think [Tom mailed __ to New York]? On voit pourtant que (7a), avec une clause ajoutée (I'm realizing...), est parfaitement acceptable, tandis que (6b) ne l'est pas. Les observations concernant la CC en (6)-(7) font penser à des faits grammaticaux connus. Pour ce qui est de la possibilité d'extraire un objet mais non pas un sujet, Taylor (2006, 2009) a proposé que the est un complémenteur, ce qui explique l'effet " that-trace " qu'on voit aussi dans les exemples suivants plus simples : (10) a. Who does she think [ __ is the ringleader]? b. *Who does she think [that __ is the ringleader]? (effet that-trace) (> Huddleston, Pullum et al. 2002 : 953) (11) a. Who does she think [I punished __ ]? b. Who does she think [that I punished __ ]? (pas d'effet that-trace) Quant à la possibilité d'extraire un sujet subordonné mais pas un sujet immédiat, on voit la même situation dans une clause relative plus simple : (12) a. *He's the man [ __ attacked her] b. He's the man [they think [ __ attacked her]] (> Huddleston, Pullum et al. 2002: 1083-4) Mais voilà un problème d'incompatibilité entre ces deux explications: si the X-er contient un complémenteur, on ne peut pas expliquer le contraste entre (6a) et (7b) comme un cas appliqué du contraste entre (12a) et (12b), car (12a-b) n'ont pas de complémenteur. Je n'ai pas encore trouvé une solution pour ce problème. Références ibliographiques Abeillé A. & Borsley R. D. (2008). " Comparative correlatives and parameters ", Lingua 118 (8), pp. 1139-1157 Alexopoulou Th. & Keller F. (2007). " Locality, Cyclicity and Resumption: At the Interface between the Grammar and the Human Sentence Processor ", Language 83 (1), pp. 110-160 Borsley R. D. (2004). " On the periphery: Comparative correlatives in Polish and English ", Formal Approaches to Slavic Linguistics (FASL) 12, pp. 59-90 Cappelle B. (2011). " The the... the... construction: Meaning and readings ", Journal of Pragmatics 43 (1), pp. 99-117 Culicover P. W. & Jackendoff R. (1999). " The view from the periphery: The English comparative correlative ", Linguistic Inquiry 30, pp. 543-571 Culicover P. W. & Jackendoff R. (2005). Simpler Syntax, Oxford, Oxford University Press Den Dikken M. (2005). " Comparative correlatives comparatively ", Linguistic Inquiry 36, pp. 497- 532 Frazier L. & Clifton Ch. (1989). " Successive Cyclicity in the Grammar and the Parser ", Language and Cognitive Processes 4, pp. 93-126 Hoffmann Th. (à paraître). " Abstract phrasal and clausal constructions ", in: Th. Hoffmann & G. Trousdale (eds), Oxford Handbook of Construction Grammar, Oxford, Oxford University Press Huddleston R. & Pullum G. (2002). The Cambridge Grammar of English, Cambridge, Cambridge University Press Inkova O. (2009). " Scalarité endophrastique vs scalarité exophrastique: quels types d'échelle? ", Orientalia Parthenopea X, pp. 43-71 Kluender R. & Kutas M. (1993). " Subjacency as a processing phenomenon ", Language and Cognitive Processes 8 (4), pp. 573-633 Kwon N., Lee Y., Gordon P. C., Kluender R. & Polinsky M. " Cognitive and linguistic determinants of the subject-object asymmetry: An eye-tracking study of pre-nominal relative clauses in Korean ", Language 89 (3), pp. 546-582 Radford A. (2010). " The syntax of relative clauses in live English radio & TV broadcasts ", www.essex.ac.uk/linguistics/department/events/CWH/pp/Radford.ppt Sag I. (2010). " English filler-gap constructions ", Language 86 (3), pp. 486-545 Taylor H. L. (2006). Out on good syntactic behaviour. Generals Paper, University of Maryland, College Park, http://www.ling.umd.edu/~htaylor/Taylor_895.pdf Taylor H. L. (2009). " The complementizer the ", in: R. P. Leow, H. Campos & D. Lardiere (eds), Little words: Their History, Phonology, Syntax, Semantics, Pragmatics, and Acquisition, Washington, D.C., Georgetown University Press, pp. 87-98
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  • HAL Id : halshs-00669107 , version 1

Citer

Bert Cappelle. A construction which the more you look at, the more it surprises you: La construction corrélative comparative en anglais et l'extraction. La corrélation : Aspects syntaxiques et sémantiques, Sep 2011, Suisse. ⟨halshs-00669107⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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