Les noms d'idéalités sont-ils polysémiques?
Résumé
Les noms comme "livre" et "symphonie" posent de nombreux problèmes aux théories de la polysémie : qualifiés tantôt de polysémiques, tantôt de monosémiques ; régulièrement confondus avec des noms d'événements ou noms d'objets concrets manufacturés. Au lieu de les considérer comme des cas isolés, nous montrons qu'ils font partie d'une sous-classe de noms très vaste qu'à la suite de Husserl nous avons appelés "noms d'idéalités" (sonate, mot, traité, roman, traduction, description). Ils dénotent des entités qui sont comme munies de deux "modes d'existence": "idéal" (contenu spirituel) et "sensible" (instanciation dans l'espace et/ou le temps). Cette ambivalence référentielle se traduit sur le plan sémantique par l'existence de deux versants de sens qui ne doivent en aucun cas être analysés comme des sens différents des lexèmes en question, ce qui nous conduit à réfuter la polysémie des noms d'idéalités lorsque, en discours, on insiste sur l'un des versants (ex. Schubert composa sa " Sérénade " en 1827. / Marie écoute la " Sérénade " de Schubert.). La théorie des facettes de Cruse (1996) s'avère elle aussi inadaptée parce qu'elle postule l'autonomie des facettes. Ces noms apparaissent en revanche comme polysémiques quand ils dénotent le support de transmission des idéalités : la sonate (=partition) est sur le piano.
Domaines
Linguistique
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)