L'espace résidentiel de la noblesse florentine (XVIe-XVIIIe siècle) - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2008

L'espace résidentiel de la noblesse florentine (XVIe-XVIIIe siècle)

Jean Boutier

Résumé

This contribution examines the forms of residence of the Florentine nobility in both the city and countryside between the sixteenth and eighteenth century. Combining families who had acquired the right to exercise the highest offices in the Republic during the Republican period with a few feudal landowners and families of more recent origin admitted by the Grand Duke to his military order, this group tended not to occupy a privileged geographical space, distinct from the rest of society. On the contrary, its palaces were to be found in all quarters of the city. At the same time, they stood apart because of their location in certain streets or because of their size and decoration. The nobility’s residences were thus at the heart of processes of social and political domination. The article examines the residential geography of the Florentine nobility, drawn from a list of noble families established in 1713. It analyses the link between its long-term stability and the creation of a particular kind of residence - the urban palace – in the fifteenth and sixteenth centuries, which came to crystallize a family’s symbolic capital. On the death of its owner, the palace was subjected to a trust, which ruled out the possibility of its alienation, so strongly was it identified to the family and its history. For a nobility that considered itself to be the historical memory of the city, it became more important to manage the patrimony of existing palaces than construct new ones. By contrast, a more dynamic habitat characterized noble villas around Florence. They were essentially constructed between the sixteenth and the eighteenth centuries, in the middle of large agricultural domains oriented towards commercial farming. The nobility stayed there twice during the year, at the end of spring and in autumn. The villa was then the site of intense sociability, along court lines. In the richer ones, the libraries were well furnished and there were theatrical performances and games. Indeed, the villa was an island of urban life in the countryside, a place where the nobility could isolate itself from the rest of society, as it could not do in the city. This contribution shifts the approach from the city towards the countryside in order to emphasize the extent to which the noble residential system rested on two separate poles, opposing and yet complementary at the same time.
La noblesse florentine n'occupe pas l'espace résidentiel urbain selon un modèle classique de ségrégation sociale; au contraire, elle est présente dans la pluys grande partie des quartiers de la ville. Ce type d'implantation rend possible des pratiques clientélaires, où la noblesse est un élément central du contrôle social . L'étude s'appuie sur des inventaires exhaustifs et des recensements effectués au cours du XVIIIe siècle. La contribution examine les formes de résidence, en ville et à la campagne, de la noblesse florentine entre le XVIe et XVIIIe siècle. Réunissant les familles qui, à l’époque républicaine, avaient acquis le droit d’exercer les plus hautes charges de la République, ainsi que quelques féodaux et des familles d’origine plus récente admises par le Grand-duc dans son ordre militaire, ce groupe n’a jamais cherché à occuper un espace réservé, à l’écart du reste de la société. Au contraire, en ville, ses palais se retrouvent dans tous les quartiers; ils se distinguent toutefois par leur position dans certaines rues, par leur ampleur et leur décoration. Les modes de résidence de la noblesse sont ainsi au coeur des processus de sa domination sociale et politique. L’article examine la géographie résidentielle de la noblesse florentine à partir d’une liste des familles nobles établie en 1713; il analyse le lien entre sa stabilité à long terme et la constitution d’un type de résidence – le palais urbain – aux XVe et XVIe siècles, qui en vient à cristalliser le capital symbolique d’une famille: soumis, lors des successions, à un fidéicommis qui en interdit toute aliénation, le palais s’identifie fortement à une famille et à son histoire. Pour une noblesse qui se considère comme la mémoire historique de la cité, il devient plus important de gérer un patrimoine de palais que d’en construire de nouveaux. Un habitat plus dynamique caractérise en revanche les villas nobles des environs de Florence. Elles ont été pour l’essentiel construites entre le XVIe et XVIIIe siècle, au coeur de très vastes domaines agricoles tournés vers une agriculture de marché. La noblesse s’y installe à deux périodes de l’année, à la fin du printemps et à l’automne. La villa est alors le lieu d’un intense sociabilité, marquée par le modèle courtisan; dans les plus riches, les bibliothèques y sont bien fournies, on y fait du théâtre et on y joue: la villa est un îlot de vie urbaine à la campagne, un lieu où la noblesse peut s’isoler du reste de la société, ce qu’elle ne peut réaliser en ville. La contribution déplace l’approche, de la ville vers la campagne, pour souligner en quoi le système résidentiel nobiliaire repose sur deux pôles, à la fois opposés et complémentaires.

Domaines

Histoire

Dates et versions

halshs-00644290 , version 1 (24-11-2011)

Identifiants

Citer

Jean Boutier. L'espace résidentiel de la noblesse florentine (XVIe-XVIIIe siècle). John Dunne; Paul Janssens. Living in the City : Elites and their Residences, 1500-1900, Brepols Publishers, p. 29-55, 2008, Studies in European Urban History, 1100-1800, n°13, 978-2-503-52026-1. ⟨10.1484/M.SEUH-EB.4.00323⟩. ⟨halshs-00644290⟩
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