D. Bellay, Le quatriesme livre de l'Enéide de Vergile, traduict en vers Francoys. La complaincte de Didon à Enée, prinse d'Ovide. Autres oeuvres de l'invention du translateur, p.1552

. Éd and . Consultée, De mulieribus claris, summa cum diligentia amplius solito correctus Cette éd. a été précédée par des traductions en français

G. Sabbadino and . Arienti, Jacopo Filippo Foresti e le loro biografie femminili (1490-1497)», dans Il Boccaccio nelle culture e litterature nazionali, pp.519-545, 1978.

J. Passant and . Suis-de-didon-la-semblable, Tirée au vif d'ung art emerveillable. Tel corps j'avoy, non l'impudique esprit Qui feintement par Vergile est descrit: Car onq' Enée, onques les nefz Troyennes Ne prindrent port aux rives Libyennes. Mais pour füir de Iärbe la fureur, Mon estomac pudique n'eut horreur Du chaste fer

. Qui-t-'avoit-donq-',-Ô-vergile, incité D'estre envieux sur ma pudicité? Croyez, lecteurs, cela que les histoires Ont dict de moy: non les fables notoires De ces menteurs, qui d'art laborieux Chantent l'amour des impudicques Dieux: Apropriant à la divine essence Des corps humains l'imparfaicte naissance, p.50

C. 'est-À-enée and . Qu, il fait désormais porter la responsabilité entière du malheur de la jeune femme. Christianisant et moralisant son propos, il accorde à Énée une nouvelle forme de conscience morale ? la mauvaise conscience ?, et celui-ci intériorise désormais 49 Du Bellay, p.253

. Ovide, Didon se contentait de reprocher à Énée son ingratitude et son manque de reconnaissance pour les bienfaits jadis reçus, Du Bellay attribue surtout un statut nouveau à Didon, épouse de Sichée. Les hommages rendus à l'époux disparu sont entourés d'une sacralité diffuse, là où Ovide est plus mesuré

L. Parallèlement and . Lieux, Hinc, dit seulement Ovide) 51 Au passage, le départ d'Énée initialement commandé par Mercure est désormais voulu par «Dieu» 52 . Enfin, Du Bellay recrée l'affection conjugale qui unissait les anciens époux: dans leur dialogue, le poète transforme l'appel de Sichée à sa femme (Elissa, veni!) en une plus tendre invitation: «Vien, ma chere Elize» 53 , à laquelle Didon répond par «cher mary» 54 Didon victime, Énée coupable, le lien qui unissait maritalement Didon et Sichée devenu sacré, voilà un renversement important de la conception morale des personnages et de leur récit qui surgit sous la plume de Du Bellay, sans doute sous la pression de la traduction de Charles Fontaine, qui lui est antérieure. Plus que l'Énéide, il semble bien que ce sont les Héroïdes qui, par leur nature de fragments, ont permis à un tel personnage d'acquérir une indépendance et une autonomie à l'égard de son cadre et de ses sources originels. En outre, alors que l'épopée à forme

. Pourtant, Énée ou son ancien mari Sichée. L'indépendance croissante du personnage de Didon, revisité grâce à la traduction, s'est vérifiée tout au long du XVI e siècle Dans la deuxième moitié du siècle, quand des auteurs n'isolent et ne traduisent que des fragments de l'Énéide, selon l'usage du temps, comme s'il s'agissait de morceaux autonomes, Jacques Peletier du Mans 55 et Théodore de Bèze 56 s'intéressent plus spécifiquement à la mort de Didon. Bien qu'il s'agisse d'une traduction de l'Énéide, on est certainement obligé de considérer la mort de Didon, fragmentée et sélectionnée telle qu'elle l'est par ces deux auteurs, comme le traitement ambigu d'un morceau d'épopée en forme d'héroïde. Mais on sait que la Renaissance n'a jamais hésité à rechercher la brièveté ni à publier des fragments empruntés à ses propres séries, comme les Amadis, Mythique, la mort de Didon est bien l'objet d'exercices de style dans lesquels ces derniers poètes oscillent entre le désir de rester fidèles à l'original

. Voici, une des plus belles pièces, d'un ouvrage tout récemment découvert, traduites d'Ovide par Charles Fontaine : il s'agit de la cinquième Elégie du premier livre des Amours d'Ovide (poème publié en 1588, mais rédigé bien antérieurement vers, pp.1538-1539

. Il-faisoit-chaut, et estoit le my jour Dessus le lict me jettay en sejour: Demi ouverte et demi close aussi Fust la fenestre et donnant jour ainsi Comme forest demy claire et ombreuse: Ou comme au soir sur la nuict tenebreuse, Soleil couchant

L. Incipit-de-fontaine«il-faisoit-chaud, ») nous semble avoir pu être lu et repris en 1552 par Ronsard, ce qui ne serait guère étonnant étant donné leur commune intimité avec Brinon 59

. Il-faisoyt-chaut, et le somme coulant Se distilloyt dans mon ame songearde, Quand l'incertain d'une idole gaillarde Fut doucement mon dormir affolant

. Panchant-soubz-moy-son-bel-ivoire-blanc, Et mitirant sa langue fretillarde, Me baisotoyt d'une lévre mignarde, Bouche sur bouche et le flanc sus le flanc

C. Que-de, que de lis, que de roses, Ce me sembloyt, à pleines mains descloses, Tastay-je lors entre deux manimentz? Mon dieu mon dieu, de quelle doulce aleine