Écrire la langue berbère au royaume de Mohamed VI : les enjeux politiques et identitaires du tifinagh au Maroc - HAL Accéder directement au contenu
Article dans une revue Revue des Mondes Musulmans et de la Méditerranée Année : 2008

Écrire la langue berbère au royaume de Mohamed VI : les enjeux politiques et identitaires du tifinagh au Maroc

Résumé

Writing the Berber language in the Kingdom of Mohamed VI: the stakes involved in the use of Tifinagh in Morocco. Never recognized as official languages, the Berber languages have borrowed their written scripts according to the various political systems and cultures they came in contact with. This paper explores the different scripts that have been used to write the Berber languages and tries to search for their underlying intellectual and political filiations. The appropriation of the Latin script, the acquisition or abandonment of the Arabic script stand out as landmarks in the history of these languages, often perceived as one language. Today in Morocco, the Berber identity claim - known as amazigh - tends to cut itself from the Muslim heritage by adopting a specific Berber script conceptualized as indigenous and pre-Islamic. By doing so, this movement refuses the ethnicization of Islam, i.e. its monopolization by one culture and one language: Arabic. This cultural choice is primarily a political stand: the opposition toward the presence of Islam through state policies and instiututions and the wish to restore cultural diversity denied by the post-colonial national construction. This new set-up allows the inscription of amazigh in the Libyc and African areas as well as in the Tamazgha territories (i.e. the whole Berber-speaking areas).
Non instituées politiquement, les langues berbères ont emprunté leur système d'écriture au gré des régimes politiques et des différentes cultures qu'elles ont rencontrées. L'article tente de reconstituer les filiations politiques et intellectuelles qui ont sous-tendu le choix des différentes écritures utilisées pour transcrire les langues berbères. L'appropriation des signes latins, l'investissement ou l'éloignement de l'alphabet arabe jalonnent l'histoire de ces langues, souvent représentées comme une seule langue. Aujourd'hui, la revendication identitaire berbère - ou amazighe- au Maroc tend à se départir d'un héritage lié à l'Islam en adoptant une graphie qu'elle envisage autochtone et anté-islamique. Par là, elle opère un refus de l'ethnicisation de l'Islam, c'est-à-dire d'une religion monopolisée par une culture et une langue, l'arabe. Ce choix " culturel " traduit un positionnement qui se veut avant tout politique : celui d'une opposition à la présence étatique de l'Islam et celui de la restauration de la " diversité culturelle ", envisagée bafouée par la construction nationale post-coloniale. Ce réajustement permet la réinscription dans l'aire libyque, africaine et sur le territoire de Tamazgha (ensemble des régions berbérophones).
Fichier principal
Vignette du fichier
article_remmm.pdf ( 1.59 Mo ) Télécharger
Origine : Accord explicite pour ce dépôt
Loading...

Dates et versions

halshs-00639317, version 1 (08-11-2011)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00639317 , version 1

Citer

Stéphanie Pouessel. Écrire la langue berbère au royaume de Mohamed VI : les enjeux politiques et identitaires du tifinagh au Maroc. Revue des Mondes Musulmans et de la Méditerranée, 2008, 124, pp.219-239. ⟨halshs-00639317⟩
418 Consultations
2789 Téléchargements
Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
comment ces indicateurs sont-ils produits

Partager

Gmail Facebook Twitter LinkedIn Plus