L'histoire des chaumes "primaires" vosgiennes vue par la pédo-anthracologie et l'analyse par spectroscopie proche infrarouge des matières organiques du sol. Possibles implications quant à la genèse des rankers cryptopodzoliques
Résumé
Sur la base de la présence de rankers cryptopodzoliques au-dessus de 1250-1300 m d'altitude, il a été considéré par le passé que les Chaumes (= pâturages) vosgiennes sommitales étaient naturelles, d'où leur appellation de " chaumes primaires ". La forêt n'aurait pas pu se développer sur les plus hauts sommets vosgiens en raison de la rigueur du climat. Des travaux récents, fondés sur l'analyse pédo-anthracologique et sur la spectroscopie dans le proche infrarouge des matières organiques des sols ont mis à mal cette théorie, en montrant que la forêt occupait bien les sommets vosgiens. Cette forêt a été précocement défrichée. Dès l'Age du Bronze moyen, elle était largement ouverte et remplacée par des zones de prairies d'altitude. Au gré des changements de la pression humaine, l'altitude de la limite forêt-prairie a fluctué avec le temps, mais la forêt n'a semble-t-il jamais reconquis les plus hauts sommets depuis les défrichements préhistoriques. Ainsi, les rankers pourraient être une conséquence directe des défrichements, et s'être formés sous couvert prairial pendant les 3 ou 4 derniers millénaires.